Dans cet article, nous n’allons pas parler de maisons écologiques ni de construction durable. Enfin pas tout à fait.
La fin de l’année approche, et le début d’une nouvelle avec. Un bon moment pour prendre un peu de recul et nous demander :
Finalement, pourquoi faisons-nous tout cela ?
Il n’y a pas une semaine qui passe sans une nouvelle annonce à propos de la détérioration de notre environnement. C’est un fait, c’est évident, nous le constatons nous-même dans notre vie de tous les jours. Et pourtant, rien ne bouge (ou presque).
Qu’en est-il vraiment ? Pourquoi semblons-nous aveugles, voire indifférents ? Peut-être avons-nous peur. Peut-être sommes-nous déjà résignés. A quoi bon changer si nous sommes les seuls ? Ce serait probablement inefficace.
Il est vrai que seul un mouvement global peut infléchir les tendances actuelles.
Il faut donc convaincre.
Et si on parlait d’écologie pendant les fêtes de fin d’année ? Et même de résilience, de changement de paradigme, d’une nouvelle ère ?
Mais il faudra sans doute aussi parler d’emballement climatique, de ressources épuisées, de la biodiversité qui disparaît, d’effondrement, de collapsologie…
Pas sûr que ce soit très agréable .
Seulement il n’y a pas de grand changement sans petites actions. Et il n’y a pas de meilleur moyen de convaincre que de commencer par soi, et là c’est beaucoup plus agréable .
Pessimiste dans l’analyse…
Nos sociétés actuelles ont érigé le progrès au rang de religion. Il est censé nous apporter prospérité (par une croissance continue), nous protéger des dangers et résoudre tous les maux. La technique a remplacé le sacré.
Seulement ce développement repose sur une consommation toujours plus grande des ressources naturelles et le postulat que ces dernières sont illimitées…
Nos organisations et économies reposent donc sur un postulat erroné.
Et la population grandissant, nous sommes de plus en plus nombreux à tirer sur la corde…
Au 17ème siècle, la Terre comptait 500 millions d’habitants. La population doublait alors tous les 250 ans. Aujourd’hui, nous sommes 7,5 milliards (oui 15 fois plus) et ce nombre a doublé… en 30 ans. Ainsi l’ONU estime que nous serons probablement 11 milliards à la fin du siècle.
Comment peut-on alors continuer à puiser indéfiniment dans ces ressources naturelles sans atteindre leurs limites ?
C’est impossible.
D’ailleurs, les limites sont déjà atteintes.
29 juillet 2021 – le jour du dépassement
A cette date, l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la Terre est en capacité de régénérer chaque année. Déjà en 1980, celle-ci était le 5 novembre. Pire, si tout le monde vivait comme un français, alors le jour du dépassement aurait été le 11 mai cette année.
Nous puisons donc chaque année un peu plus dans le capital naturel de la planète.
Crédit photo WWF
Cela ne va pas durer.
Aujourd’hui :
- 60% des sols français sont “morts” c’est-à-dire incapables de produire sans apport d’engrais chimiques et de forte mécanisation.
- La biodiversité disparaît 100 fois plus vite que par le passé. On assiste à une extinction aussi massive que lors de la disparition des dinosaures il y a… 66 millions d’années.
- Les maladies dites “de la prospérité” se multiplient (cancers, troubles dégénératifs…), notamment à cause de la pollution de l’air.
- Les dérèglements climatiques ne cessent d’augmenter. Et leurs conséquences dramatiques sur les populations. Le rapport du GIEC estime que le niveau des mers s’élèvera en moyenne de 65 cm d’ici 2100. Suffisant par exemple pour que Londres, Miami, New-York, Sydney soient inondées… Et il s’agit d’une estimation “basse”.
Les plus grandes fortunes se battent aujourd’hui pour conquérir l’espace et coloniser Mars.
Ces élites ont-elles déjà abandonné l’idée d’un monde commun, et cherchent-elles à se sauver ?
La plupart d’entre nous sommes persuadés qu’une fois encore notre technicité exceptionnelle saura nous sortir de l’impasse.
Rien n’est moins sûr, en revanche elle peut nous aider encore un peu… à condition de ne pas se tromper de combat.
Aujourd’hui cette croissance providentielle engendre plus de maux qu’elle n’apporte de bénéfices. Du moins, pour le bien commun. Car ces bénéfices sont de plus en plus concentrés vers une part infime de la population. Ainsi, 1% de la population mondiale possède plus que les 99% restant. Et 50% des émissions de CO2 sont imputables à seulement 10% de la population mondiale.
… mais optimiste dans l’action !
Bon, arrivé-e jusque-ici vous devez être un peu déprimé-e… Mais ne vous arrêtez pas là, la suite est plus positive 🙂 !
“On peut être pessimiste dans l’analyse, et optimiste dans l’action”
Cette phrase de Jean-Marc Jancovici résume bien l’état dans lequel nous nous trouvons. Spécialiste des questions liées au carbone et notamment celles liées au réchauffement climatique, son constat est grave. Mais il se veut également optimiste et trouve sa force dans l’action.
Nous ne sommes pas faits pour subir. S’engager, essayer, risquer, permet de se sentir paradoxalement plus en contrôle et surtout plus en alignement avec nos convictions profondes. Nous sommes programmés pour chercher inlassablement à nous dépasser, à repousser les limites. Alors au lieu d’être des prédateurs redoutables, retrouvons du sens en agissant à notre échelle !
Crédit photo : Mohit – Unsplash
Et surtout… ne nous cachons pas derrière le manque d’action de nos élus. Le politique gère l’urgence et le temps court. Il cherche à solutionner les problèmes plutôt qu’à les prévenir. Sans vouloir excuser leur manque d’engagement écologique, il est clair que c’est à chacun d’initier le changement. L’action individuelle est non seulement utile, mais elle est indispensable.
Notre pouvoir est bien plus grand que nous le pensons parfois. Nous sommes responsables de nos choix de consommation, d’épargne, de travail, de loisirs, etc…
Alors rappelons quelques principes simples à mettre en place pas à pas mais dès aujourd’hui :
- Soutenir l’agriculture biologique, locale et de saison.
- Engager une démarche zéro déchets.
- Consommer autrement : produits plus durables, recyclables, recyclés, réparables, troqués, fabriqués localement.
- Moins consommer : on parle en permanence du pouvoir d’achat, mais le pouvoir de non-achat est tout aussi important !
- Choisir une banque s’engageant dans la préservation de l’environnement, l’économie sociale et solidaire.
- Souscrire à un fournisseur d’énergie renouvelable (électricité verte et biogaz)
- Eviter les voyages en avion en Europe et favoriser les déplacements doux (vélos, transports en commun, train, covoiturage).
- Avoir un usage plus écologique d’internet en supprimant toutes vos données inutiles (corbeille, messages périmés, cloud, publicités) et en utilisant un moteur de recherche plus durable comme Lilo ou Ecosia.
- Et partager, en toute bienveillance, vos convictions autour de vous !
“Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin”
Nous sommes le reflet des 5 personnes qui nous entourent. Et inversement. Nos actions, même modestes, inspirent nos proches et créent une dynamique positive.
Être dans l’action permet de se donner du baume au cœur même si le monde dans son ensemble ne va pas dans la bonne direction.
Des solutions de transition existent, diffusons-les !
Et si…on y arrivait ? Les raisons d’espérer.
« -Comment arrives-tu à rester motivé ?
-Ben… quoi de mieux à faire ! »
Chaque génération porte son projet de société, avec sa culture et ses repères. Alors tant que nous sommes là, choisissons le projet auquel nous voulons contribuer.
Les choses semblent parfois immuables mais en réalité elles bougent en permanence. Il y a 50 ans, on ne se souciait guère de la pollution, des plastiques, des pesticides, de l’épuisement des ressources. Le 1er ministère de l’écologie n’a été créé qu’en 1971 !
Aujourd’hui :
- Chaque commune organise le tri des déchets
- Même si elle est encore bien trop faible, la part des énergies renouvelables a presque doublé en 10 ans (passant de 9 à 16%)
- Des initiatives connaissent un succès grandissant :
- La démarche zéro déchets
- L’agriculture biologique et locale, la permaculture
- L’éco-construction
- Les médias de l’économie sociale et solidaire, de l’écologie comme Socialter, Alternatives Economiques, Kaizen, La Maison Écologique, Sans Transition.
- Les mouvements participatifs comme Fermes d’avenir, Alternatiba, Transiscope, ça commence par moi, les films de Cyril Dion “Demain” et “Après-demain”…
« On a 20 ans pour changer le monde”
C’est le titre d’un documentaire passionnant sur l’agriculture et les questions environnementales.
Cet ultimatum peut paraître aussi effrayant qu’excitant.
Pourquoi 20 ans ?
- Les limites physiques de la planète s’imposent à nous. Celles-ci seront atteintes en 2040 (le rapport Meadows connu sous le nom “Les limites de la croissance” prévoyait dès 1970 un effondrement des ressources à partir de 2040).
- 20 ans, c’est aussi le temps que notre génération a dans sa vie active pour jouer un rôle dans cette transition.
- 20 ans, c’est enfin une nouvelle génération qui arrive, à laquelle il faudra transmettre un monde vivable
Transformons la morosité ambiante et retrouvons du sens par nos actions et nos choix.
De l’effondrement à la joie, ça vous dit ?
Pour aller plus loin
Vous trouverez ci-après une liste de ressources qui peuvent vous être utiles.
Si cet article vous a plu, et que vous pensez qu’il peut être utile à l’un de vos proches, partagez-le autour de vous ! Si vous avez une remarque ou une question, laissez-moi un commentaire en bas de cette page !
Enfin, si vous souhaitez appliquer dès aujourd’hui des actions simples pour améliorer votre maison et votre confort de vie, téléchargez le Petit Manuel du Robinson via l’un des formulaires présents sur le site. Vous serez également informé-e dès la publication d’un nouvel article.
Merci d’être arrivé-e jusqu’ici et à très vite !
Ressources
- Calculez votre empreinte écologique :
- Podcasts sur l’avenir de notre monde : Présages, Sismique
- Mouvements :
- , Jean-Marc Jancovici
- Transiscope, le portail web des alternatives
- , Julien Vidal
- , Maxime de Rostolan
- Livres :
- L’âge des low-tech, Philippe Bihouix, Seuil.
- Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes, Pablo Servigne, Seuil.
- La horde du contrevent, Alain Damasio, Folio (Science Fiction).
- Black out – Demain il sera trop tard, Marc Elsberg, Le livre de poche.
Retrouvez également toutes les références de livres, manuels, magazines que je cite dans le blog dans la Bibliothèque de La Case Robinson !