LOW-TECH vs HIGH-TECH : la guerre des mondes ?

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Quand on parle de maison écologique, on en revient parfois au bon sens : profiter de la chaleur du soleil, utiliser l’énergie de manière raisonnée, choisir des matériaux sains, etc. Face à la consommation effrénée des ressources naturelles il semble ainsi indispensable d’adopter une démarche plus frugale.

Pourtant, on associe également de plus en plus la construction durable avec des technologies sophistiquées. La « maison à énergie positive » est désormais truffée de capteurs et d’automates censés la rendre plus performante, et donc plus vertueuse.

Comment s’y retrouver ? Faut-il miser sur les Low-Tech et leur faible impact ou sur les High-Tech et leur haute performance ?

Les « Low-Tech » s’inscrivent dans une dynamique de simplicité, de résilience, et d’accessibilité.

Mais peuvent-elles participer massivement à la résolution de la crise environnementale ?

A l’inverse, les technologies High-Tech promettent des services toujours plus grands. Mais ne seront-elles pas freinées par le manque de ressource et le problème de « l’effet rebond » ? 

A notre échelle, quelle démarche adopter pour notre habitat ?

Cet article apporte des éléments de contexte et des propositions pour y voir plus clair. 

High-Tech : le rêve Rifkinien

Le 20ème siècle a été l’ère d’un développement technologique sans précédent. Nous sommes passés de la machine à vapeur aux voitures électriques et aux navettes spatiales.

Le 21ème siècle sera celui de la révolution numérique. Cette « 3ème révolution industrielle » chère à Jeremy Rifkin porte en elle tous les espoirs. Selon Rifkin, grâce à internet et aux « smarts grids », nous pourrons gérer de manière optimale les flux d’énergie et de ressources. Fini le gaspillage, la pollution et les problèmes de répartition.

Cette « révolution » repose notamment sur la décentralisation des sources de production d’énergie et ses bénéfices.

  • Elle réduit les pertes liées à l’acheminement.
  • Elle favorise le développement des énergies renouvelables.
  • Elle limite la dépendance aux ressources fossiles et les tensions géopolitiques associées.

Il est vrai qu’aujourd’hui le modèle centralisé (un lieu de production fournit l’énergie à des millions de personnes) basé sur les énergies fossiles et nucléaires n’est plus soutenable. Les ressources viennent à manquer et leur utilisation posent de sérieux problèmes de pollution.

La pensée de Jeremy Rifkin séduit ainsi de nombreux acteurs (industriels et hommes politiques) notamment en Europe et aux Etats-Unis. Elle s’inscrit dans une mouvance plus large autour de la « croissance verte », qui prône le fait que le développement technologique saura résoudre les problèmes actuels et futurs.

L’Homme n’a cessé en effet d’inventer des outils pour survivre et prospérer.

Pourquoi en serait-il autrement désormais ?

Technologies vertes : les solutions existent déjà

Les possibilités qu’offrent les technologies vertes sont aujourd’hui prometteuses

On sait aujourd’hui construire des maisons à énergie positive, qui consomment moins d’énergie qu’elles n’en produisent. Ainsi, une maison bien conçue (forte isolation, bioclimatisme) et bien utilisée (utilisation raisonnée des systèmes) peut être théoriquement auto-suffisante en énergie. 

En effet, 1 m² de panneaux photovoltaïques peut couvrir les besoins énergétiques de l’équivalent de 4 m² de surface habitable. Il « suffit » donc d’installer sur chaque maison une surface de panneaux égale au 1/4 de la surface de la maison.

Tout cela peut être couplé aux technologies de stockage (batteries, eau chaude ou glacée…) et aux autres formes d’énergies renouvelables (éolien, hydraulique, géothermie, biomasse) pour diversifier la capacité de production en fonction des ressources locales.

Enfin, en mettant en réseau ces micro centrales électriques, on peut constituer un maillage suffisamment grand pour garantir une disponibilité de la ressource en continue, quelle que soit la météo ou l’heure de la journée.  

Les technologies existent donc, mais elles peinent encore à se déployer pour plusieurs raisons.  

Le problème de la ressource

Les énergies renouvelables font face à un paradoxe : la source d’énergie est quasi inépuisable (à la différence des énergies fossiles), mais les systèmes permettant d’utiliser cette énergie nécessitent des matériaux qui sont eux en quantité limitée.

Ainsi, le soleil, la houle, le vent, l’eau, la biomasse ont la capacité de fournir l’énergie nécessaire pour couvrir l’ensemble des besoins de la planète. Le soleil nous apporte ainsi chaque année l’équivalent de 10 000 fois la consommation d’énergie mondiale !

Mais pour récupérer et utiliser cette énergie, il faut des convertisseurs : éoliennes, panneaux solaires, batteries, turbines… et des émetteurs : radiateurs, ampoules, etc…

Tout cela nécessite évidemment des matériaux, et notamment des métaux.

Le risque de la « croissance verte » est ainsi que le problème se déplace du manque de ressource énergétique vers une carence en matière première permettant d’utiliser cette énergie.

Petit à petit il faudra trouver des gisements toujours plus lointains, donc plus chers et nécessitant plus d’énergie pour en extraire le minerai. C’est un cercle vicieux qui montre qu’une approche frugale est indispensable, quel que soit le développement technologique à venir.

L’effet rebond ou le mythe de la croissance verte

Un autre point se heurte au modèle techniciste de la croissance verte.

Il s’agit de l’effet rebond (ou paradoxe de Jevons). Il illustre le fait que bien souvent, les gains environnementaux obtenus par l’amélioration de l’efficacité énergétique des systèmes que nous utilisons sont annulés par une augmentation des usages que l’on en fait.

Par exemple, nous avons tendance à davantage utiliser une voiture si elle consomme peu ou encore à construire des logements plus grands et plus vitrés car bien isolés.

Cela remet en cause les scénarios optimistes de la croissance verte qui prônent le fait que l’amélioration des systèmes permettra de lutter contre le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources sans rien avoir à changer à notre mode de vie actuel. 

Dans ce contexte se développe une réflexion autour des « Low-Tech » et de leurs intérêts, y compris pour les pays occidentaux.

Les « Low-Tech »

Le Low-Tech Lab est un espace de partage et d’information autour des Low-Tech. Il définit celles-ci comme des innovations techniques simples, accessibles, durables et locales, permettant de répondre à des problématiques environnementales, vitales ou économiques.

On peut ainsi apprendre à réaliser :

  • une éolienne à partir de moteurs d’imprimantes
  • un mur en paille
  • une machine à laver sans électricité
  • un cuiseur solaire
  • un système de phytoépuration
  • un cuiseur basse température (la fameuse marmite Norvégienne !) 
  • un mixeur à pédales
  • une lessive 100% biodégradable

Ces exemples peuvent faire sourire, ou paraître anecdotiques. Mais quand on prend le temps d’y réfléchir, on se rend compte qu’ils peuvent répondre à une bonne partie de nos besoins quotidiens

Bien sûr, toutes ces Low-Tech ne s’appliquent pas du jour au lendemain dans nos vies urbaines surchargées. « Nous n’avons pas le temps ». 

Pourtant, il faut se rendre à l’évidence, les sollicitations toujours plus grandes liées au développement des nouvelles technologies ne nous offrent pas plus de temps libre. Nous n’avons jamais autant couru après le temps. Et nous ne sommes pas plus heureux.  

Il y a aussi ici un obstacle majeur, que la technologie ne semble pas pouvoir résoudre. Il faut regarder ailleurs.  

Low-Tech : promouvoir les innovations sociétales et organisationnelles

Nos sociétés actuelles, basées sur le modèle de la consommation, ne s’interrogent pas assez sur les innovations non technologiques.

Le sujet est soit inexistant, soit dévalorisé. Les politiques ne jurent que par la croissance du PIB (qui ne reflète pourtant pas le bien-être d’une société). Et les capitaux privés sont majoritairement investis dans l’innovation technologique. En témoigne la course à la conquête spatiale financée par les plus riches de la planète (Elon Musk, Richard Branson, Jeff Bezos…).

Il ne sert à rien à l’Homme de gagner la Lune s’il vient à perdre la Terre. François Mauriac

Pourtant, les bénéfices potentiels dans les innovations sociétales semblent énormes. En témoigne par exemple la démarche zéro-déchet ou le covoiturage. Si celles-ci étaient appliquées par un plus grand nombre, les effets seraient considérables.

Philippe Bihouix, dans « L’Âge des low tech – vers une civilisation techniquement soutenable« , décrit en détail les limites de la pensée techniciste actuelle. Il propose de réfléchir à de nouvelles formes d’innovations: organisationnelles, fiscales, sociétales.

Un exemple simple parmi d’autres : mettre en place des bouteilles en verre au format universel pour faciliter la consigne et le réemploi local. Pourquoi en effet chaque marque doit avoir un format unique ? Elles peuvent se différencier par l’étiquette, comme le fond les producteurs de vin notamment. Il n’est alors plus nécessaire de recycler le verre (très gourmand en énergie), il suffit de laver les bouteilles et de les reconditionner. 

Le législateur a un rôle primordial dans ce processus de changement. L’interdiction des sacs plastiques l’illustre bien. Ce geste fort a été adopté très facilement et des solutions de remplacement ont été trouvées.

Ceci n’est qu’un exemple, il en faudra évidemment beaucoup plus pour avoir un impact global. Mais investir ces sujets est indispensable.

Quelle démarche adopter ?

La recherche d’innovations et de solutions n’est pas réservée aux élites, ni aux états. Chacun, à notre échelle, nous pouvons interroger notre façon de vivre et d’interagir avec notre environnement. Puisque ce blog parle de construction durable, nous allons prendre l’exemple de l’énergie. 

L’énergie, tout comme l’eau ou les déchets, sont à tort perçues comme des postes relativement peu chers. Un foyer dépense ainsi quelques euros par jour uniquement.

On s’y intéresse donc peu. Et on connait mal les quantités que l’on consomme ou génère. 

C’est étonnant de constater que nous connaissons très bien le prix de tout ce qui nous entoure (alimentation, équipements, loisirs, habillement, etc.) mais nous savons très mal estimer ce que coûte nos actions les plus fréquentes.

  • Combien coûte un déplacement domicile-travail en voiture ? 
  • Combien coûte un cycle de machine à laver ?
  • Combien coûte les veilles de mes appareils électroniques ?
  • Combien coûte la charge de mon téléphone portable ?

L’énergie est (encore) peu chère car le prix facturé ne tient pas compte aujourd’hui des effets induits (ou pas suffisamment). Par exemple, le prix du kWh d’électricité nucléaire reflète les coûts liés à la production et à l’acheminement mais n’intègre pas la totalité des coûts liés au recyclage des déchets ni au démantèlement des centrales. Quant au prix du litre de gazole, il ne comprend pas non plus une part permettant de financer les soins à apporter aux malades causés par les particules fines émises. 

L’utilisation de ces ressources a un impact majeur sur nos sociétés, et nos vies quotidiennes. Les coûts induits existent bel et bien et sont reportés sur le contribuable, ce qui trompe le consommateur et fausse l’équation pollueur – payeur.

A notre échelle, se questionner sur chacun de nos usages de l’énergie est donc nécessaire, pour préserver la planète d’une part, mais aussi pour notre santé et notre qualité de vie !

  • Quelle est ma consommation d’énergie ?
  • Quels sont les postes qui consomment le plus ?
  • Quels sont les effets induits de ces usages (ressources, eaux usées, déchets, pollution, etc) ?
  • Comment puis-je les réduire ? 

Source : Energuide.be

Ces questions simples, évidentes mêmes, disparaissent dans l’urgence de nos vies hyper-actives. Prenons pourtant un temps (1h?) pour y réfléchir et définir quelques actions. Cumulées chaque jour, et par chacun, ces petits gestes peuvent changer beaucoup de choses, et vous vous sentirez mieux !

Pour aller plus loin

Vous trouverez ci-après une liste de ressources qui peuvent vous être utiles. 

Si cet article vous a plu, et que vous pensez qu’il peut être utile à l’un de vos proches, partagez-le autour de vous ! Si vous avez une remarque ou une question, laissez-moi un commentaire en bas de cette page ! 

Enfin, si vous souhaitez appliquer dès aujourd’hui des actions simples pour améliorer votre maison et votre confort de vie, téléchargez le Petit Manuel du Robinson via l’un des formulaires présents sur le site. Vous serez également informé-e dès la publication d’un nouvel article. 

Merci d’être arrivé-e jusqu’ici Smile et à très vite ! 

Ressources

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    1. Oui, le projet est super intéressant ! Je les suis aussi. C’est également Corentin de Chatelperron qui est à l’origine du Low-Tech Lab dont je parle dans l’article. Il l’a lancé suite à ses voyages et découvertes avec Gold of Bengal.

  1. hello François-Xavier,
    1) « le prix du kWh d’électricité nucléaire reflète les coûts liés à la production et à l’acheminement mais n’intègre pas la totalité des coûts liés au recyclage des déchets ni au démantèlement des centrales. » le cout de l’argent mis de coté par les fournisseurs d’énergie nucléaire est bien intégré au prix de l’électricité, tout comme la gestion des déchets! par ailleurs, en France, trop peu est mis de coté à priori, mais c’est autre chose. Maintenant si tu parles du cout « environnemental » alors oui, il est trop peu tenu en compte. 2) Dommage dans ton article, tu ne conclus par vraiment : est ce qu’au jour d’aujourd’hui, si je construis une maison bioclimatique je le fais avec du low tech. oui ! mais est ce qu’une VMC système D à récupération de chaleur est du low tech ??? oui ? et une PAC ? mmm pas vraiment. mais alors, pas de PAC, faire du passif ? mais le passif me semble encore plus High tech que la maison chauffée avec un pac?… pas simple.

    1. Bonjour Amaury,
      Pour ce qui est du coût du démantèlement et des externalités « négatives » il me semble clair qu’il n’est pas bien appréhendé / budgété. C’est un exercice qui n’a d’ailleurs rien de simple, car on découvre et on apprend chaque jour sur ce sujet complexe.
      Concernant le choix entre Low-Tech ou High-Tech, je pense que le choix est propre à chacun-e en fonction de son projet. Le Low-Tech est pertinent et probablement l’idéal écologique mais dans un certain cadre de vie. S’intéresser à la High-Tech est également essentiel pour pousser l’innovation, tester, expérimenter et massifier potentiellement les économies d’énergie à grande échelle.
      Merci pour ton retour, tu soulèves bien là la complexité de ce sujet.

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