Cet article fait partie de la série “Études de cas”. Dans cette rubrique, je vous présente des cas concrets et souvent simples de travaux intégrant les principes de la construction durable. Je dissèque avec vous toutes les étapes du projet, depuis l’analyse de l’état existant, jusqu’au choix des matériaux et leur mise en œuvre. Je détaille également les coûts et les marques des produits utilisés. L’objectif est ici de vous donner des exemples précis et j’espère inspirants pour vous guider dans votre projet.
Nota: dans la plupart des cas j’ai participé à la conception et au suivi des travaux présentés (sauf mention contraire). N’hésitez pas à me poser toutes vos questions ! Je serai très heureux de pouvoir vous apporter des précisions.
Le contexte
Le projet porte sur la rénovation d’une maison de ville du début du 20ème siècle dans la région Bordelaise. Celle-ci est mitoyenne sur ces pignons Est et Ouest, avec un jardin au Sud et une façade sur rue au Nord.
Elle possède 2 niveaux de surface équivalente pour un total de 100m². Le projet consiste principalement en l’amélioration de la façade Sud du rez-de-chaussée.
Vues cadastrale et aérienne
L’état existant
La façade Sud se compose de murs en pierre non isolés, d’une véranda en aluminium munie de simple vitrages et d’une couverture en panneaux de polycarbonate. Une porte vitrée donne sur le jardin. Une autre porte vitrée au fond de la véranda donne sur la pièce de vie. L’ensemble des apports solaires et lumineux du RDC proviennent de cette véranda.
Véranda existante
Constat
L’état existant n’est pas performant thermiquement ni sur le sujet du confort visuel (déficit de lumière dans la pièce de vie), mais la maison possède des qualités intrinsèques qu’il est possible de valoriser. Tout d’abord, son orientation. L’exposition Sud de cette façade est intéressante pour chercher à récupérer des apports solaires et capter de la lumière naturelle. A ce sujet je vous invite à lire dans le blog l’article sur le bioclimatisme : “Bioclimatisme: comment s’en inspirer aujourd’hui?”. Autre point fort, la mitoyenneté de la maison réduit fortement les déperditions sur les pignons Est et Ouest. Les façades déperditives sont alors la façade Nord sur rue et la façade Sud sur le jardin. Le projet se concentre sur le travail sur cette façade Sud.
Plan de l’état existant
Le projet
L’objectif consiste alors à :
- Réduire les déperditions thermiques de la façade actuelle
- Récupérer un maximum d’apports solaires
- Faire pénétrer la lumière naturelle au-delà de la véranda au plus profond de la maison
Plan du projet
Gagner des apports solaires
On décide donc de remplacer la véranda existante par une structure neuve en double vitrage. La couverture en panneaux de polycarbonate disparaît au profit d’une verrière isolante et translucide.
Pose de la verrière au-dessus de l’ossature bois existante
Cette verrière joue le rôle d’accumulateur de chaleur grâce à l’effet de serre. Les rayons du soleil pénètrent dans la maison par le vitrage, puis une partie est emprisonnée dans la maison (une des propriété du verre est de réfléchir le rayonnement thermique). Ce rayonnement participe ainsi au réchauffement de la pièce, puis de toute la maison. C’est très efficace, il n’est alors plus nécessaire de chauffer le RDC lors d’une journée ensoleillée.
L’allège maçonnée au bas de la véranda et un des pignons mitoyen reçoivent par ailleurs une isolation par l’intérieur et un doublage en plaque de plâtre.
Le traitement du pignon a pour objectif d’améliorer l’isolation acoustique avec les voisins. L’autre pignon ne reçoit pas de traitement particulier car il intègre les équipements de la cuisine et la décision est prise de ne pas les démonter.
Doublage par l’intérieur de l’allège maçonnée et du pignon Ouest
Le store banne existant, qui couvre l’ancienne véranda, est conservé car il est encore fonctionnel et dans un état correct. Il est ici essentiel d’avoir une protection solaire extérieure sur la nouvelle verrière afin de réduire les apports solaires en été.
Le store banne existant, encore fonctionnel, est conservé
Pour compléter le dispositif on installe des stores alvéolaires sur les baies verticales à l’intérieur. Ils permettent notamment de gérer l’intensité lumineuse et éviter l’éblouissement lors des journées fortement ensoleillées.
Stores intérieurs
Améliorer le confort visuel
Le nouvel ensemble constitué par les baies double vitrages et la verrière apporte beaucoup de lumière dans l’espace intérieur. Pour bénéficier de celle-ci dans la pièce de vie il est décidé d’ouvrir le mur séparatif entre la véranda et la pièce de vie. Un porteur métallique composé d’une triple poutre IPN (“en I à Profil Normal”) de hauteur 18cm et de largeur 10cm remplace le mur existant. Le nombre de poutre aurait pu être réduit à 1 ou 2 mais cela aurait nécessité une hauteur de profil plus importante. Et pour optimiser la pénétration de la lumière il est plus judicieux de réduire au maximum la hauteur de celui-ci.
L’ouverture du mur séparatif entre la véranda et la pièce de vie et la pose des IPN
Vue depuis la pièce de vie (avant / après l’ouverture du mur)
Les matériaux et les chiffres
Poste | Caractéristiques techniques | Coût € HT (fourniture et pose) | Marque / Fabricant |
Ensemble verrière (12m²) + baie vitrée coulissante 3 vantaux (4,5m²) et porte vitrée (2,3m²) | Vitrages toiture 44/2 16-6 Planistar SUN + Gaz argon
Panneau sandwich isolé de 32mm en rive de façade (sous le bloc store) Vitrages baies isolant 4-18-4 Faible Emissivité Gaz Argon, profilés à rupture de ponts thermiques Warm Edge, Uw=1,7 W/m².K, Facteur solaire = 0,36. Thermolaquage label Qualicoat et Qualimarine |
11400* | Schüco AWS 60 |
Doublage + isolant (12m²) | Cloison Placostil et laine de verre de 45mm | 430 | Placo et Isover |
Ouverture du mur et nouveau porteur | 3 IPN Hauteur 18cm / Largeur 10cm / Longueur 3m + 2 poteaux béton 20*30cm | 2500 | / |
Reprise du sol béton pour égaliser le niveau suite à l’ouverture du mur (20m²) | Ragréage P3 fibré | 400 | Cedecol |
4 Stores intérieurs sur les baies coulissantes (1m * 1,55m chacun) | Stores alvéolaires “isolants” | 120 | Enseigne suédoise… |
Peinture (5 l) | Peinture à l’eau, classe A+, Teneur en COV < 6g/l | 120 | Farrow&Ball |
* le poste baie vitrée + verrière participe à l’amélioration énergétique de la maison. A ce titre le crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE) est applicable. Il permet de bénéficier d’un crédit d’impôt d’un montant de 30% des dépenses admises (ici 11400 € HT). Ce n’est évidemment pas négligeable. Avant de lancer vos travaux, renseignez-vous sur les dispositifs d’aides possibles. Pour cela, vous pouvez contacter l’Espace Info Energie de votre commune ou le site internet service-public.fr.
Quid des déchets de chantier ?
Les panneaux de polycarbonate et les anciennes baies ont été revendus d’occasion (environ 200€ le tout). Les gravats liés à l’ouverture du mur en pierre ont été évacués vers un centre de valorisation pour être réutilisés en remblais routier.
Ce qui aurait pu être amélioré
Le doublage
Une solution plus écologique consiste à remplacer :
- La laine de verre par de la ouate de cellulose ou de la fibre de bois
- Les rails métalliques par une ossature bois (tasseau de 50mm par exemple)
- Les plaques de plâtre par des plaques de Fermacell
Pensez dans ce cas à intégrer une membrane freine-vapeur pour réguler l’humidité. Le Fermacell a en outre l’avantage d’être plus “lourd” que les plaques de plâtre standard ce qui ajoute de l’inertie à la paroi intérieure et favorise ainsi le confort. Cela participe également à l’amélioration de l’isolation acoustique.
Prévoyez ici un surcoût d’environ 25%, soit un peu plus de 100 € HT pour ce poste.
Les protections solaires
Pour des questions de budget serré le store banne existant a été conservé. Même s’il est efficace, il ne se plaque pas parfaitement sur la verrière, ce qui laisse passer le soleil à certaines heures de la journée et limite ainsi son efficacité en été.
Le store existant ne se plaque pas parfaitement sur la verrière
La mise en œuvre d’un store neuf motorisé (le store existant est aussi motorisé), monté sur des rails posés sur la verrière serait l’idéal. Une toile solaire neuve de type “sunscreen” permet en effet d’arrêter près de 90% du rayonnement incident. Les marques Ferrari, Mermet ou encore Dickson proposent des produits performants par exemple. Le coût pour un store neuf dans cette configuration est de 4000 € HT (prix avec une toile SOLTIS 92 et un moteur SOMFY Sunea iO avec télécommande radio EasySun).
En outre, les stores alvéolaires installés sur les baies coulissantes et la porte vitrée sont d’une efficacité moyenne. Ils confèrent une ambiance chaleureuse lorsqu’il fait nuit et permettent d’éviter l’éblouissement. Mais leur performance en terme de contrôle du rayonnement solaire est assez faible du fait de leur positionnement à l’intérieur. Une amélioration consiste à mettre en place une protection solaire extérieure pour ces vitrages. Cela peut se faire par des stores toiles, une voile d’ombrage ou une pergola par exemple.
La peinture
Bien que la peinture utilisée soit classée A+ avec une teneur en COV faible (6 g/l alors que le seuil pour la classe A+ (la plus exigeante) autorise jusqu’à 30 g/l), l’utilisation d’une peinture minérale au lieu de cette peinture à l’eau est préférable pour améliorer encore l’empreinte environnementale du projet. Je vous invite à ce sujet à découvrir l’article du blog “Peintures écologiques, le grand greenwahing?” pour apprendre à choisir votre peinture afin de préserver la planète et votre santé !
Le bilan
Les objectifs d’amélioration du confort thermique et visuel sont largement atteints. L’ouverture de la véranda sur la pièce de vie apporte lumière et chaleur dans la maison. La performance des vitrages assurent une bonne maîtrise des consommations de chauffage. Même si certains choix auraient pu être améliorés pour pousser plus loin la qualité écologique du projet, l’application du bioclimatisme trouve ici une illustration intéressante dont il est facile de s’inspirer.
Véranda et pièce de vie après les travaux
Pour aller plus loin
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Enfin, si vous souhaitez appliquer dès aujourd’hui des actions simples pour améliorer votre maison et votre confort de vie, téléchargez le Petit Manuel du Robinson via l’un des formulaires présents sur le site. Vous serez également informé dès la publication d’un nouvel article.
Merci d’être arrivé jusqu’ici et à très vite pour un nouvel article !
Bonjour François-Xavier,
Avez-vous des conseils à nous donner pour l’installation d’un récupérateur d’eau de la douche et de la baignoire afin de renvoyer dans les 2 wc de la maison dont la construction va démarrer en fin d’année ?
Je n’ai pas trouvé d’informations sur ton blog à ce sujet et il y a bcp de propositions sur internet…mais quel choix faire ???
Merci pour ton aide.
Cécile
Bonjour Cécile,
Merci pour votre message et pour l’intérêt que vous portez à La Case Robinson.
Concernant la récupération des eaux grises il peut y avoir 2 sujets :
– récupérer la chaleur via un échangeur pour préchauffer votre eau chaude
=> pour cela il existe des systèmes assez simples à installer en sortie de réseaux d’eaux grises (douches et bains) comme par exemple les produits des 2 entreprises suivantes : https://www.gaiagreen.net/ ou https://www.norellagg.com/power-pipe-2/
– récupérer les eaux pour les assainir :
=> c’est pertinent si vous n’êtes pas raccordée au réseau public d’assainissement. Dans ce cas la solution écologique est de réaliser un jardin filtrant à base de sable, graviers et plantes épuratrices notamment. Cela permet de traiter la pollution et de rendre ensuite les eaux au milieu naturel.
Vous pouvez trouver quelques renseignements chez Aquatiris par exemple : https://www.aquatiris.fr/
=> mettre en place ce système pour l’alimentation des toilettes me semble un peu compliqué car il faudrait ensuite une pompe pour acheminer les eaux vers les WC. Avez-vous envisagé les toilettes sèches ? C’est le plus pertinent pour réduire sa consommation d’eau et son volume d’eaux vannes. Car les jardins filtrants acceptant les eaux vannes sont plus complexes à réaliser.
Bonne continuation