La construction bois, ou comment réaliser un rêve d’enfant

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Qui n’est jamais monté dans un arbre pour se construire une cabane ?

Que ce soit pour se protéger du soleil, de la pluie, du vent ou simplement se cacher ou s’amuser, les arbres sont des compagnons idéaux.

On y ressent un profond bien-être et une certaine sécurité. Oui, l’arbre nous apparaît solide, fiable et accueillant.

Une fois adulte, quand il s’agit de construire sa maison, on se tourne pourtant souvent vers d’autres matériaux, bien moins chaleureux : béton, brique, parpaing… ça fait moins rêver !

  • Et si on revenait à nos désirs d’enfants ?
  • Quelles sont les possibilités de la construction bois ?
  • Le bois est-il sûr pour notre maison ?
  • A quoi ressemble une maison à ossature bois ?

Alors allons-y, analysons dans cet article les nombreux avantages de la construction bois et répondons aux idées reçues sur ce matériau.

Les atouts environnementaux de la construction bois

Tout d’abord, si j’aborde le sujet de la construction bois, c’est qu’il y a dans cette pratique un véritable intérêt environnemental.

Le bois est un puits de carbone

Nous l’avons appris sur les bancs de l’école, grâce à la photosynthèse, les arbres absorbent le dioxyde de carbone (C02) et dégagent du dioxygène (02) (il faut aussi un peu d’eau et de soleil dans le processus). Au passage, ils se gardent pour eux les glucides issus de cette transformation (du sucre oui !).

Allez d’accord, je vous mets l’équation 😊 :

La photosynthèse (en fait c’est simple non ?).

Ça tombe bien, les activités humaines émettent beaucoup de CO2 et nous avons besoin de dioxygène pour respirer. La nature est donc bien faite.

Seulement, ces derniers temps, nous sommes un peu trop généreux sur cette histoire de C02. Nous en émettons beaucoup trop. Et comme on déforeste également massivement (sans replanter), il n’y a plus assez d’arbres pour absorber tout ce CO2 qui se retrouve alors dans l’atmosphère. S’en suit ainsi la problématique bien connue de l’effet de serre.

« Le bois stocke le C02 »

Utiliser du bois dans la construction (lorsqu’il est issu d’exploitations gérées durablement) permet en revanche de « stocker » du CO2. Le C02 absorbé lors de la croissance de l’arbre est « emprisonné » dans celui-ci. Dans 2kg de bois, il y a ainsi 1kg de carbone produit à partir de 3,7kg de CO2. On parle alors de puit de carbone.

« Une maison à ossature bois stocke autant de CO2 que ce qui est émis par une petite voiture parcourant plus de 1,5 millions de km… ! »

Le bois est une ressource renouvelable

« Issu de forêts gérées durablement »

Pour que le cercle vertueux du puits de carbone fonctionne, il faut replanter des arbres pour remplacer ceux qui ont été abattus. Pour cela, des filières s’organisent pour gérer durablement cette ressource. Le label FSC (Forest Stewardship Council) et la certification PEFC (Programme for the Endorsement of Forest Certification) ont été créé en ce sens.

Saviez-vous que le sable est la seconde ressource naturelle la plus consommée au monde après l’eau ? On l’utilise pour fabriquer le béton et les revêtements routiers notamment. Pour faire face à la demande, il faut aller le chercher de plus en plus loin et de plus en plus profond…

Contrairement aux autres matériaux de construction (béton, parpaing, acier… issus de carrières et de gisements limités), le bois est ainsi le seul matériau de construction véritablement renouvelable. La surface de la forêt française a ainsi doublé depuis 1850. Elle occupe aujourd’hui environ 30% du territoire métropolitain. On y plante chaque année près de 70 millions d’arbres (soit plus de 2 arbres par seconde).

Toutefois, à l’échelle mondiale, les forêts disparaissent encore massivement (50% des forêts de la planète a été détruit au cours du XXème siècle). Et notamment les forêts primaires dans les régions tropicales qui abritent pourtant une biodiversité exceptionnelle.

Il est donc primordial de choisir des essences de bois locales (pin, chêne, peuplier, châtaignier, sapin) ou dont la gestion est garantie durable.

« Privilégier les essences locales »

Le bois mobilise moins d’énergie

Un autre intérêt du matériau bois réside dans le fait qu’il faut beaucoup moins d’énergie pour le produire et le mettre en œuvre que pour le béton et l’acier.

En effet, la « fabrication » du bois se fait naturellement par la croissance de l’arbre, sans apport d’énergie autre que le soleil. Reste ensuite uniquement la transformation (coupe, sciage, assemblage) et le transport.

Utiliser du bois permet ainsi d’économiser de l’énergie grise (énergie consommée pour la production du matériau) et donc de limiter les émissions de CO2 qui en résultent.

A titre d’exemple*, on peut comparer l’énergie grise nécessaire pour produire une poutre de 8m de portée :

  • En béton armé, celle-ci consommera 50% d’énergie en plus qu’en bois lamellé-collé
  • En acier, il faudra alors 6 fois plus d’énergie !

Si l’on compare cette énergie grise nécessaire à ce que consomme une maison RT2012 pour le chauffage, cela représente :

  • 2 mois de chauffage pour la poutre bois
  • 3 mois de chauffage pour la poutre en béton armé
  • 12 mois de chauffage pour la poutre en acier

Le matériau bois participe donc à l’amélioration du bilan environnemental de la construction.

*voir les sources utilisées dans la rubrique « Ressources » en bas de l’article

Un chantier à ossature bois

Que peut-on construire en bois ?

On construit des édifices en bois depuis des siècles. Le temple Horyu au Japon est encore débout, et il est vieux de 1300 ans. Les quartiers des Halles ou du Marais à Paris et de beaucoup d’autres villes françaises sont eux aussi constitués de maisons à colombage (ou pans de bois).

Le temple Horyu au Japon, construit il y a 1300 ans.

Maisons à pans de bois à Colmar (c’est beau !).

Aujourd’hui, la technique du bois lamellé-collé permet de construire des immeubles de plusieurs dizaines de mètres de haut.

Bordeaux a ainsi inauguré en 2018 le « plus grand immeuble tertiaire de France », avec ses 7 étages.

Immeuble Perspective à Bordeaux, 30m de haut et 7 étages en structure bois de l’architecte Nicolas Laisné.

Et des structures étonnantes, comme ces « parasols » géants à Séville :

Metropol Parasol à Séville, Jürgen Mayer Architects.

Les intérêts du matériaux bois pendant le chantier

L’utilisation du bois comme matériau de construction a également d’autres atouts lors du chantier.

On peut ainsi citer :

  • La manutention des pièces de bois est assez simple car le bois est plus léger que le béton
  • Beaucoup d’éléments peuvent être préfabriqués en atelier en amont, limitant le temps d’intervention sur le chantier.
  • Le chantier est « sec », c’est-à-dire qu’il ne faut pas d’eau pour réaliser la construction à la différence d’une structure en béton. Cela évite également les risques de pollution des eaux par les laitances de béton.
  • Les nuisances sont moindres (bruits, poussières, odeurs).
  • La démontabilité rend la résilience de la construction plus aisée.

Assemblage des murs à ossature bois sur une maison individuelle à Bordeaux. La Case Robinson

Structure bois d’une maison individuelle à Bordeaux. La Case Robinson

Contre les idées reçues

« Le bois n’est pas solide et ne dure pas dans le temps »

On l’a vu dans les exemples précédents, le matériau bois est parfaitement adapté à la construction. Que ce soit pour des maisons individuelles ou des ouvrages plus importants, sa solidité et sa durabilité sont avérées.

« Le bois est sensible à l’eau et l’humidité »

Oui, mais pas plus que les autres matériaux. Certains bois sont mêmes très résistants et réputés pour leur imputrescibilité.

C’est le cas du Robinier (naturellement de classe 4), qui peut être directement en contact avec l’eau du sol pour des fondations par exemple. Le Teck est également classe 4, mais c’est un bois « exotique » qui provient d’Asie du Sud-Est.

D’autres essences comme le châtaignier, le mélèze ou le douglas ont des propriétés naturelles qui leur permettent également de résister à l’humidité.

Dans tous les cas, si l’on respecte les règles de mise en œuvre spécifique à ce matériau, la construction bois ne pose aucun problème de pérennité.

Les cabanes « tchanquées » (« montées sur des échasses » en bois) du bassin d’Arcachon.

« Il y a un risque supplémentaire en cas d’incendie »

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le bois est un matériau très intéressant vis-à-vis du risque d’incendie. Il a en effet une très bonne tenue au feu par rapport aux autres matériaux :

  • Le bois transmet moins vite la chaleur que le béton (10 fois plus vite) ou l’acier (250 fois plus vite).
  • Le bois se consume lentement et de façon assez linéaire.
  • Il n’explose pas et ne fond pas.
  • Il conserve plus longtemps ses propriétés mécaniques et structurelles.

Pour toutes ces raisons le bois est un matériau particulièrement apprécié des pompiers !

« La construction bois coûte plus cher »

Pas nécessairement, cela dépend de la technique utilisée :

  • La construction en bois massif (madriers ou rondins), réservée pour les chalets de montagne. Elle n’est pas plus cher si le bois est local. 
  • La construction en panneaux massifs (« Cross Laminated Timber » CLT): plus chère, elle est dédiée aux projets hauts de gamme ou à l’architecture particulière.
  • La construction en ossature bois (colombage ou murs à ossature bois « MOB »): la plus courante et la plus économique pour des maisons individuelles, des surélévations ou des extensions.

Le projet « SMB » sur lequel j’ai travaillé a coûté par exemple environ 1000€/m² de surface habitable pour la partie clos-couvert (fondations, façades, toitures, planchers, menuiseries triple vitrage). Et les performances sont élevées (basse consommation, étanchéité à l’air inférieure à 0,2 m3.h/m² à 4 Pa).

Un cercle vertueux

Une dynamique positive

Choisir une maison à ossature bois constitue aujourd’hui encore un acte engagé car la « norme » est de construire en béton.

Pourtant, nous avons accumulé beaucoup plus d’expérience dans la construction bois que dans la construction en béton (qui date seulement du milieu du XXème siècle). En soit cela me semble déjà un argument prudent pour choisir le bois.

Mais l’avantage de la construction bois réside aussi dans la dynamique positive qui se met en marche derrière.

La filière bois profite ainsi à une économie généralement locale qui fait appel à des artisans qualifiés et soucieux des enjeux environnementaux.

On s’interroge aussi sur l’ensemble des matériaux qui vont constituer la maison.

Quels isolants sont les plus adaptés ? Quels revêtements choisir pour les sols, les murs ? Et très souvent, on s’oriente naturellement vers des matériaux plus écologiques et plus sains.

Pour l’isolation, la fibre de bois est idéale dans les murs à ossature bois. Pour les revêtements intérieurs, le bois, le Fermacell, ou les enduits de terre ou de chaux sont très adaptés également. Et en plus il apporte une ambiance chaleureuse et confortable à la maison !

Maison à ossature bois, remplissage en paille.

Vers un bois high-tech ?

Face aux enjeux environnementaux actuels, le bois intéresse aussi les chercheurs et les entrepreneurs. Ainsi la start-up française Woodoo créée par l’architecte Timothée Boitouzet travaille sur le développement d’un bois « augmenté ». Ce matériau high-tech, durable, translucide, imputrescible, promet de dépasser le béton tout en réduisant son empreinte écologique.

Autre innovation, l’utilisation de la lignine (colle naturelle qui maintient les fibres de bois entre elles) pour remplacer certains produits pétrochimiques.

Un peu d’optimisme et de bonnes nouvelles, ça fait du bien non 😊 ?

Pour aller plus loin

Vous trouverez ci-après une liste de ressources qui peuvent vous être utiles. 

Si cet article vous a plu, et que vous pensez qu’il peut être utile à l’un de vos proches, partagez-le autour de vous !

Si vous avez une remarque ou une question, laissez-moi un commentaire en bas de cette page ! 

Enfin, si vous souhaitez appliquer dès aujourd’hui des actions simples pour améliorer votre maison et votre confort de vie, téléchargez le Petit Manuel du Robinson via l’un des formulaires présents sur le site. Vous serez également informé-e dès la publication d’un nouvel article. 

Merci d’être arrivé-e jusqu’ici Smile et à très vite ! 

Ressources

  • Livres :
  • Bois high-tech :
    • L’interview de Timothée Boitouzet sur (l’excellent) podcast Sismique
    •  Le site de Woodoo
  • Crédits photos :
    • Nicolas Laisné Architectes
    • Pedro Kok
    • La Case Robinson
    • Adobestock

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    1. C’est un concept intéressant ! Simple, local, circuit court 🙂 ! Pour les performances, il faut à mon avis être vigilant sur l’étanchéité à l’air entre les briques et sur les ponts thermiques éventuels (mais le bois a l’avantage d’être peu conducteur et naturellement isolant donc ça doit être pas trop mal).
      Dans le même genre il y a le procédé Systimber également, https://www.systimber.com/realisaties/. Je le trouve assez beau esthétiquement.

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