Rénovation écologique et contemporaine- avec Gwendal Le Ménahèze

  • Accueil
  • -
  • Blog
  • -
  • Rénovation écologique et contemporaine- avec Gwendal Le Ménahèze

*****

Je reçois Gwendal Le Ménahèze, journaliste au magazine La Maison Écologique pour parler de la rénovation de sa maison, un pavillon des années 70 transformé en habitat moderne, écologique et économe.

Parce que la maison est un abri, un lieu intime, parfois un miroir, mais aussi un lieu d’inspiration et de ressources, aujourd’hui je vous emmène dans la Case de Gwendal Le Ménahèze.

Gwendal a rénové un pavillon des années 70 avec l’ambition d’en faire une maison contemporaine, confortable, économe et écologique.


Surtout il a voulu démontrer que rénover de façon éco-responsable n’était pas réservé aux clients fortunés ni aux activistes convaincus.

Ce projet, il l’a réalisé après avoir étudié des dizaines d’habitats écologiques partout en France.
Car Gwendal est journaliste au sein du magazine La Maison Écologique, la revue de référence sur l’éco-habitat, l’autonomie et la résilience.


Dans cet épisode, Gwendal nous raconte la conception de ce projet et les 2 années de chantier qui ont suivi, dont une partie faite en autoconstruction.


Fort de cette expérience et des nombreux témoignages récoltés dans le cadre de son travail au magazine La Maison Écologique, Gwendal vient de publier le guide de la rénovation écologique et saine, un manuel pratique pour accompagner celles et ceux qui se lancent dans un projet d’éco-habitat.


Vous le verrez, rénover sa maison est une aventure passionnante mais aussi éprouvante, et Gwendal partage ici beaucoup d’enseignements utiles pour s’y préparer et éviter les erreurs.


Je vous souhaite un bel épisode !

Notes de l’épisode


Pour contacter Gwendal : 

Les ressources mentionnées dans l’épisode :

Sa ligne directrice pour mener ses projets : 

“C’est en sortant des sentiers battus qu’on avance vraiment.”

bardage-douglas
brique-terre-crue
maison-écologique-bretagne
cloison-torchis
isolation-chanvre

Résumé de l’épisode

1) Contexte, profil et intention

Profil de l’invité

  • Journaliste spécialisé dans l’écohabitat depuis 10 ans à La Maison écologique.

  • Auteur du Guide de la rénovation écologique, conçu comme un manuel “de A à Z”.

Intention de projet

  • Quitter la ville, accéder à un grand jardin sans surdimensionner la maison.

  • Prouver que la rénovation écologique est accessible au-delà des « clients fortunés » ou des « militants chevronnés ».

  • Rechercher un confort contemporain (lumière, espaces ouverts) et des charges énergétiques réduites.


2) Bâtiment de départ : diagnostic initial

Typologie et atouts

  • Pavillon fin 70’s/début 80’s ; volume simple et rectangulaire (favorable à la compacité thermique).

  • Orientation dominante sud–sud-ouest (apports solaires possibles mais attention aux surchauffes).

  • Grand jardin arboré ; haie à l’ouest protégeant des vents dominants.

  • Murs porteurs en béton cellulaire : légère capacité isolante existante (meilleure base qu’un parpaing nu).

Faiblesses structurelles et énergétiques

  • Couverture amiantée, petites pièces sombres, nombreuses ouvertures au nord (déperditions).

  • PVC en menuiseries anciennes, isolation quasi nulle (laine de verre délabrée en combles).

  • Chauffage électrique d’origine : peu confortable, coûteux et non optimal écologiquement.

  • Aucune ouverture à l’est, peu de lumière matinale ; garage transformé en débarras obstruant la lumière.

Enjeu : bâtir une stratégie de rénovation écologique globale, séquencée si nécessaire mais conçue d’ensemble dès l’amont.


3) Objectifs et principes directeurs

  • Sobriété d’usage (philosophie négaWatt) : pas d’extension inutile, surface maîtrisée et espaces utiles.

  • Bioclimatisme :

    • Maximiser les apports solaires d’hiver au sud/est (création/agrandissement d’ouvertures).

    • Protéger du soleil d’ouest (plus bas, plus pénalisant l’été).

    • Réduire les ouvertures au nord pour limiter les déperditions.

  • Matériaux sains, locaux et biosourcés quand pertinent.

  • Conception globale : articuler enveloppe, ventilation, chauffage, finitions — et chemin critique du chantier.


4) Refonte architecturale et bioclimatique

Réorganisation intérieure

  • Remise à plat du plan (suppression des cloisons, conservation du rectangle).

  • Pièces de vie au sud (luminosité, apports gratuits) ; chambres et pièces de service au nord (besoins moindres).

  • Espace jour décloisonné : cuisine + salon + salle à manger, volume traversant, confort d’usage accru.

Gestion des ouvertures

  • Sud/Est : création/agrandissement des baies pour capteurs solaires passifs + lumière matinale.

  • Nord : transformation de portes-fenêtres en fenêtres (gains d’isolation et d’aménageabilité des façades).

  • Ouest : vigilance ombrage (casquettes peu efficaces à l’ouest ; privilégier protections verticales, végétalisation, stores).


5) Enveloppe et isolation : matériaux et mises en œuvre

Sol (dalle)

  • Dalle béton conservée pour inertie thermique (lissage des pics de température).

  • Pas d’isolation rapportée pour éviter les surépaisseurs (seuils/portes) et préserver l’inertie.

Murs (ITE biosourcée)

  • Isolation thermique par l’extérieur : ossature bois fixée sur maçonnerie.

  • Remplissage en fibre de chanvre en vrac (production fermière, circuit court ~30 km).

  • Pare-pluie et contribution isolante via panneaux de fibre de bois denses.

  • Bardage bois (bois breton non traité, douglas).

Toiture / combles

  • Ouate de cellulose en combles perdus, soufflée en vrac (papier journal recyclé) :

    • Excellente isolation hiver, déphasage intéressant en été, impact carbone favorable.

Points techniques clés en rénovation écologique :

  • Continuité de l’isolation (limiter ponts thermiques aux jonctions mur/toit/sol).

  • Traitement rigoureux de l’étanchéité à l’air (durabilité des performances, qualité de l’air).

  • Compatibilité hygrothermique des couches (matériaux perspirants/biosourcés → gestion de vapeur).


6) Cloisons, inertie et finitions intérieures saines

Cloisons et correction thermique

  • Ossature bois + panneaux chanvre-lin-coton (département voisin) ; parements en plaques de plâtre.

  • Brique de terre crue comprimée (BTC) : ~300 briques fabriquées sur place (presse manuelle), forte inertie et régulation hygrométrique.

  • Cloison en torchis (ossature bois + treillis bambou + terre/fibres), forme arrondie : confort sensoriel et inertie.

Enduits et peintures

  • Enduits terre (Argilus, Vendée) sur BTC/torchis et, après préparation adaptée, sur plaques de plâtre.

    • Sous-couche sablée sur plâtre pour l’accroche + limiter l’absorption d’eau.

  • Peintures naturelles :

    • Minérales (Keim) au plafond.

    • Huiles naturelles (Natura) aux murs.

Sols

  • Parquet chêne, liège (confort, isolation phonique), bambou en salle de bain (meilleure résistance à l’humidité que liège/fibre de bois multicouches).

Salle de bain

  • 3 murs en enduit terre (micro-régulation de l’humidité, désembuage plus rapide).

  • 1 mur en faïence (zone douche à l’italienne).


7) Systèmes techniques : arbitrages et REX

Chauffage

  • Poêle à granulés retenu après comparaison avec poêle bûche :

    • + : rendement supérieur, émissions moindres, facilité d’usage (programmation, maintien de température).

    • : dépendance électrique, combustible manufacturé.

  • Poêle bûche non retenu malgré : coût d’équipement/comburant plus faible, autonomie énergétique, esthétique de flamme.

Eau chaude sanitaire

  • Chauffe-eau électrique standard (arbitrage budget + toiture sud-ouest peu optimale pour solaire thermique).

Ventilation : le point sensible

  • VMC simple flux hygroréglable installée à l’époque → retour d’expérience critique aujourd’hui :

    • Le pilotage par humidité ne capture pas les autres polluants (COV, CO₂, NOₓ cuisson).

    • Avec matériaux hygroscopiques (terre/crépis/bois) qui tamponnent l’humidité, l’hygro peut sous-ventiler.

    • Préférence actuelle de G. Le Ménahèze : simple flux autoréglable (débit minimal constant) plutôt que double flux, compte tenu :

      • du coût,

      • de la maintenance,

      • du faible besoin résiduel en chauffage d’une enveloppe performante.

Leçon ventilation en rénovation écologique : viser un débit minimal garanti, dimensionner les bouches/extracteurs et penser qualité de l’air intérieur au-delà de l’humidité.


8) Organisation du chantier et gouvernance

Durée et phasage

  • Environ 18–24 mois (terrasse incluse, légèrement décalée), avec gros mix d’intervenants.

Quatre modalités d’exécution

  1. Autoconstruction (nombreux postes).

  2. Autoconstruction accompagnée (démarrage guidé par pro, ajustements ponctuels).

  3. Entreprises pour postes critiques :

    • Menuiseries extérieures, nouvelle couverture, électricité, plomberie, poêle.

    • Amianté : dépose réalisée par eux-mêmes (maîtrise de budget), pose neuve par couvreur.

  4. Chantier-école (formation) : montage BTC + torchis.

Chantiers participatifs : atouts & limites

  • Atouts : dynamique collective, accélération sur tâches répétitives/simples, lien social (anecdote du voisin agriculteur et son tracteur).

  • Limites : logistique, encadrement, multiplicité d’outils, qualité de finition hétérogène, charge mentale du pilotage.

Maîtrise d’œuvre « maison »

  • Très formateur (vision d’ensemble, maintenance future facilitée).

  • Très exigeant : plans, autorisations, devis, relances, arbitrages, budget, planning, coordination → pression et impact vie perso/couple.

  • Recommandation : poser un cap clair, impliquer l’entourage, accepter des pauses pour préserver l’équilibre.


9) Trois erreurs fréquentes en rénovation écologique (constat terrain)

  1. Emménager trop tôt

  • Le confort d’usage crée un relâchement → les finitions traînent, certains postes ne se terminent jamais (plinthes « posées la veille de la vente »).

  • Conseil : aller au bout des phases critiques avant d’emménager ou verrouiller un plan de finitions daté.

  1. Sous-estimer l’impact sur le couple/la famille

  • Fatigue, charge mentale, divergences d’exigence esthétique → tensions.

  • Conseil : cadre de communication, temps off assumés, ajuster le plan au fil de l’eau.

  1. Intervenir par à-coups sans vision d’ensemble

  • Changer les fenêtres « tout de suite » puis isoler « plus tard » → ponts thermiques, coûts cumulés plus élevés, performance inférieure.

  • Conseil : diagnostic global et plan directeur (même si réalisation phasée).


10) Bonnes pratiques et conseils clés

En amont : cadrer la rénovation écologique

  • Définir besoins/usages avant solutions techniques (éviter l’« obésité » programmatique).

  • Diagnostic du bâti et du site (orientation, vents, humidité, inertie, structure, état des réseaux).

  • Conception globale : séquencer sans perdre la continuité de l’enveloppe et de l’étanchéité à l’air.

  • Budget/Planning réalistes : intégrer marges, délais fournisseurs (ex. carrelage/faïence), chemin critique.

Choix techniques

  • Bioclimatisme d’abord (orientation, protections solaires, inertie).

  • Biosourcé et local quand pertinent : chanvre, fibre de bois, ouate, terre crue, bois non traité.

  • Ventilation : garantir un débit minimal continu, surveiller CO₂/COV le cas échéant.

  • Systèmes : choisir selon contexte réel (toiture, budget, objectifs de maintenance).

Exécution et qualité

  • Autoconstruction accompagnée pour postes demandant une mise en main.

  • Chantiers participatifs ciblés (tâches simples, répétitives, peu d’outils).

  • Finitions : prévoir des plages dédiées, ne pas diluer l’effort ; niveau d’exigence partagé.


11) Arbitrages énergétiques et confort

  • Inertie (dalle béton conservée, BTC, torchis) : stabilité thermique, confort d’été/hiver.

  • Déphasage (ouate en combles + fibre de bois en façade) : retard des pics de chaleur.

  • Ouvertures optimisées : sud/est pour apports et lumière ; nord réduit pour limiter pertes.

  • Chauffage bois : granulé choisi pour usage quotidien pratique et rendement.


12) Vision « maison idéale » et projection

  • Priorité à la rénovation du déjà-là (lutte contre l’artificialisation, valorisation du parc existant).

  • Matériaux locaux, bruts, réemploi (plateformes, détournements d’usage : verrières à partir de menuiseries déposées).

  • Finitions plus organiques (enduits à la main, formes vivantes).

  • Dimension collective : habitat participatif, mutualisation (buanderie, chambre d’amis, outillage), lien social.

Abonnez-vous au podcast

La Case Robinson est disponible sur les plateformes suivantes :

Et aussi sur :

Laissez un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

{"email":"Email address invalid","url":"Website address invalid","required":"Required field missing"}