Maisons passives écologiques et confortables – avec Ivan Baudouin

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Dans ce nouvel épisode du podcast, je reçois Ivan Baudouin, ingénieur spécialisé dans l’habitat passif pour parler de maisons passives, de confort et de qualité de l’air. Épisode enregistré lors du salon Passibat 2025. 

Parce que la maison est un abri, un lieu intime, parfois un miroir, aujourd’hui je vous emmène dans la Case d’Ivan Baudouin.

J’ai rencontré Ivan lors du salon Passibat où nous avons échangé sur le thème de l’habitat passif. 

Ivan conçoit et construit des maisons passives, c’est-à-dire qu’elles ont de très faibles besoins de chauffage, un bon confort d’été et une excellente qualité de l’air intérieur. 

Dans cet épisode, il partage avec nous les principes de l’habitat passif et des exemples de réalisations, qui à chaque fois intègre un maximum de matériaux bio et géosourcés, que ce soit pour la structure grâce à l’ossature bois ou pour l’isolation et les revêtements intérieurs avec la fibre de bois, la ouate de cellulose, la paille ou encore les briques de chanvre et de terre crue.  

Merci à Ivan pour cet échange et cette présentation complète des intérêts des habitats passifs pour faire des économies d’énergie et améliorer le confort. 

Je vous souhaite un très bon épisode ! 

Notes de l’épisode

Pour contacter Ivan : 

Les ressources mentionnées dans l’épisode :

Citation

“Nous sommes la nature qu’on défonce, nous sommes la terre qui coule juste avant qu’elle s’enfonce, nous sommes le cancer de l’air et des eaux, des sols des sèves et des sangs, nous sommes la pire chose qui soit arrivée au vivant. Ok et maintenant. Maintenant, la seule croissance que nous supporterons sera celle des arbres et des enfants. Maintenant nous serons la nature qui se défend. ” Extrait du livre Les Furtifs d’Alain Damasio

Maison passive : principe, conception, matériaux, économies d’énergie avec Ivan Baudouin

Introduction : Pourquoi viser la maison passive aujourd’hui ?

Face aux limites énergétiques et climatiques, la maison passive s’impose comme une réponse pragmatique et mesurable : réduire drastiquement les besoins de chauffage, assurer un confort d’été sans climatisation, garantir une excellente qualité d’air intérieur, et maîtriser la consommation d’énergie primaire.
Dans cet épisode, Ivan Baudouin partage une vision à la fois scientifique (physique du bâtiment) et frugale (moins de systèmes, plus d’intelligence de conception), enrichie par des retours terrain : plus d’une centaine de projets menés avec Positive Home (bureau d’études + atelier ossature bois + équipe chantier) et l’association La Maison du Passif.

Principe de base : la maison passive n’est pas un style, c’est une méthode. Elle aide à investir chaque euro au bon endroit.


1) Maison passive : définition

La maison passive repose sur 4 piliers, définis dans les années 1990 par le Passivhaus Institut et outillés par le PHPP (Passive House Planning Package) :

  1. Besoin de chauffage très faible
    → Bâtiment largement chauffé par le soleil et les apports internes (occupants, appareils).

  2. Confort d’été sans climatisation
    → Maîtrise de la surchauffe estivale par l’enveloppe, l’orientation, l’ombrage, le déphasage, la ventilation.

  3. Qualité de l’air intérieur
    Étanchéité à l’air maîtrisée + ventilation efficace (souvent VMC double flux).

  4. Consommation d’énergie primaire optimisée
    → Bouclage énergétique cohérent (isolation, fenêtres, ventilation, systèmes).

Le PHPP n’est pas « un logiciel de plus » : c’est l’outil d’arbitrage qui permet de quantifier l’effet réel (kWh, confort, coûts) d’un triple vitrage, d’un sur-isolant, d’une protection solaire, etc. C’est la clé d’un projet sans trous dans la raquette.


2) « Partout et pour tous » : la maison passive s’adapte à tous les contextes

  • Typologies : maisons individuelles, petits collectifs, bâtiments publics (ex. piscines, commissariats), tertiaire ; neuf et rénovation.

  • Climats et expositions : si le terrain est « mal exposé », le passif est encore plus utile pour piloter les arbitrages.

  • Objectif : pas de dogme de forme. Le cube reste performanciel, mais l’architecture (volumes, cadrages, matérialité) reste libre si l’on traite les ponts thermiques, l’étanchéité à l’air, les menuiseries, l’ombrage et la ventilation dès l’esquisse.


3) Processus de conception d’une maison passive

3.1. Démarrer par le bon ordre des questions

  • Bioclimatisme : orientation, compacité, répartition des baies, protections solaires fixes/mobiles.

  • Ventilation et étanchéité dès l’esquisse : où passent les gaines ? où est la couche d’air étanche ? comment la protéger en chantier ?

  • Ponts thermiques et composition des parois : murs, dalle, toiture, liaisons.

  • Arbitrages PHPP : simuler, chiffrer, comparer (ex. triple vitrage vs. système de chauffage plus puissant).

3.2. Les compositions d’enveloppe « type » (ordre de grandeur)

  • Murs ossature bois ~30 cm d’isolant (au total)

    • Ossature 145 mm isolée (ouate / laine de bois)

    • 10 cm de fibre de bois côté extérieur (sarking vertical)

    • 4–5 cm d’isolant côté intérieur (et frein-vapeur adapté)

  • Toiture ~30 cm d’isolant biosourcé

    • En général 10 cm au-dessus des chevrons + 20 cm entre chevrons

  • Dalle

    • En bois avec ~30 cm d’isolation (ouate de cellulose)

  • Menuiseries

    • Le plus souvent en triple vitrage sur projets passifs bien isolés (à valider au PHPP)

Pourquoi l’ossature bois ?
Même performance pour moins d’épaisseur de mur à isolation équivalente, gestion facilitée des ponts thermiques, forte compatibilité avec matériaux biosourcés et préfabrication.


4) Matériaux : faire d’une maison passive une maison biosourcée

Le label passif certifie l’énergie, pas directement le carbone. Dans son travail, Ivan Baudouin choisit en plus de viser le bas carbone via le bois et les isolants biosourcés :

  • Structure : ossature bois, poteau-poutre, mix bois massif / CLT si nécessaire.

  • Isolants :

    • Ouate de cellulose, laine de bois, paille, laine de chanvre.

    • Coup de cœur : la paille (logique d’économie circulaire : coproduit agricole → isolation performante).

  • Inertie intérieure : briques de terre crue dans les refends (stockage de chaleur/fraîcheur, régulation hygrométrique, esthétique possible en apparent).

Philosophie : supprimer les couches inutiles (moins de matériaux, moins de techno), viser des parois respirantes avec calculs de point de rosée et SD adapté, pour allier étanchéité à l’air et migration de vapeur correctement gérées.


5) Confort d’été : sans climatisation et sans béton par défaut

Le débat « inertie = béton » est trop simpliste. Une maison passive vise un confort d’été par un bouquet de leviers :

  • Déphasage (retarder l’onde de chaleur)

    • Fibre de bois : ~8 h de déphasage pour 10 cm (ordre de grandeur) → pic de chaleur extérieur à midi, pic intérieur en soirée quand l’air se rafraîchit : on ventile naturellement.

  • Inertie intérieure ciblée

    • Briques de terre crue : stockent la fraîcheur l’été et la chaleur l’hiver sans recourir au béton.

  • Protections solaires

    • Casquettes, brise-soleil, stores extérieurs, végétalisation.

  • Ventilation

    • VMC double flux bien dimensionnée.

    • Rafraîchissement adiabatique possible via la VMC DF : légère évaporation d’eau en amont de l’échangeur → –2 à –3 °C sur l’air soufflé, low-tech et peu énergivore.

  • Gestion nocturne

    • Ouvertures pour purge nocturne quand l’air extérieur est plus frais.


6) Étanchéité à l’air : le nerf de la guerre (et comment l’obtenir)

Objectif : une enveloppe hermétique à l’air pour maîtriser les flux avec la ventilation (pas via les fuites).
Sur chantier, c’est là que tout se joue :

  • Porte soufflante en phase chantier (tests intermédiaires + final)

    • Mise en dépression, traque des fuites (main sur parois, anémomètre, fumigènes).

    • Réparation avec adhésifs techniques durables (rien à voir avec du « scotch » classique).

  • Choix constructifs sécurisants

    • Passer le contreventement rigide côté intérieur pour qu’il soit la couche étanchemoins vulnérable aux coups de cutter que les membranes souples.

    • Tracer la couche étanche sur plans + détails, soigner toutes les jonctions.

  • Ordre de grandeur

    • Pour une maison de 100 m², la « surface cumulée » de fuite autorisée est inférieure à une carte bleue : exigence fine, formation et contrôle indispensables.


7) Systèmes sobres et robustes (sans techno-dépendance)

Mantra : « L’énergie la plus propre, c’est celle qu’on ne consomme pas. »

  • Ventilation : VMC double flux performante et robuste (filtres faciles à changer ; preuve d’efficacité tangible quand on voit le filtre noirci après 3 mois en milieu urbain).

    Premier retour des habitants de maisons passives : l’air est d’une qualité incomparable.

  • Chauffage : besoins très faibles

    • Souvent plafonds rayonnants (quelques dizaines de watts par panneau), deux sèches-serviettes suffisent parfois ; poêle à bois bûches possible pour l’agrément.

    • La maison passive réduit le besoin de systèmes lourds et leurs coûts de maintenance/abonnement.

  • ECS & récupérations

    • Récupérateur de chaleur sur eaux grises (douche) : ultra low-tech, rendements intéressants.

    • Panneaux PV selon contexte ; peut conduire à des niveaux Passif Plus / Premium.

  • Rafraîchissement

    • Adiabatique en appoint l’été (cf. §5).

  • Domotique

    • À dose minimale : chaque techno est une panne potentielle. La maison passive vise la frugalité.


8) Combien ça coûte ? Comprendre le « +0 à +10 % » et l’astuce n°1

Surcoût moyen observé (pour le passif seul, hors options architecturales et hors « 100 % biosourcé sur-mesure ») : +0 à +10 % (souvent ~+5 %) par rapport à un projet courant, car :

  • VMC double flux au lieu de simple flux,

  • Plus d’isolation (souvent ~30 cm),

  • Triple vitrage fréquent,

  • Études PHPP et soin chantier (étanchéité à l’air).

Rentabilité globale :

  • Moins d’énergie consommée, plus de confort, meilleure valeur à la revente, moins d’équipements complexes.

  • Et surtout : réduire intelligemment les m² pour rester dans l’enveloppe financière sans renoncer au passif.

Astuce n°1 (d’architecte) : moduler les usages (chambre d’amis/bureau/salle TV), travailler la vie dedans-dehors (grandes baies + terrasse ombragée) pour gagner 10–20 m² … ce qui finance facilement le saut vers la maison passive (et les matériaux biosourcés).


9) Étude de cas 1 — « Zéro béton » dans la vallée de Chevreuse

Contexte : l’un des premiers chantiers de Positive Home ; équipe réduite, implication à toutes les étapes.

  • Fondations & sol : Technopieux (acier recyclé) + dalle bois, zéro béton.

  • Isolation : laine de chanvre (la paille était envisageable).

  • Systèmes :

    • Récupérateur de chaleur sur eaux grises (douche),

    • Phyto-épuration naturelle végétalisée,

    • Panneaux solaires.

  • Philosophie : cohérence maximale entre passif et biosourcé, sobriété matérielle.


10) Étude de cas 2 — Lotissement à Montreuil : passif = moins cher

Point de départ : promoteur ambitieux (niveau RE2020 E4C2) mais projet classique (dalles béton, sous-sol, chaudière bois imposante).

Re-ingénierie avec passif :

  • Suppression de la chaudière et des sous-sols béton → économie d’investissement.

  • Passage à dalles bois + triple vitrage + PVpassif premium au final, moins cher que la version initiale.
    Conclusion : la maison passive peut économiser des dépenses d’investissement car elle évite les systèmes surdimensionnés.


11) Certification, formations et acteurs

  • PHPP sur 100 % des projets : même sans viser la labellisation, l’outil change les décisions (Positive Home l’intègre systématiquement).

  • Certification : un plus (qualité, valeur, communication) mais optionnelle selon budget et objectifs.

  • Formations : la CEPH (≈ 10 jours, fractionnés) permet aux pros (et particuliers motivés) de maîtriser le PHPP et la démarche.

  • Artisans : pas besoin que tous soient « certifiés », mais il faut des entreprises formées et accompagnées (détails d’étanchéité, séquençage de chantier, tests intermédiaires).

Aides : en neuf, encore peu d’incitations spécifiques au passif (quelques PLU favorables, ex. étage supplémentaire). En rénovation, les aides classiques (type MaPrimeRénov’ & co) peuvent se cumuler selon le bouquet de travaux.


12) Maison idéale (vision d’Ivan) : passif + biosourcé + minimalisme

  • Certifiée passive, bien sûr.

  • Dalle bois (pas de béton), ossature bois.

  • Isolation paille (soufflée / caissons / remplissage), alternatives locales possibles (chanvre & co).

  • Peu de couches : enduit ext./int., suppression de l’OSB + pare-vapeur si système paille/enduits compatible → moins de matériaux.

  • Inertie : briques de terre crue en refends.

  • Ventilation : cœur balance entre double flux (qualité d’air, filtration) et ventilation naturelle (simplicité radicale).

  • Chauffage : appoint léger (ex. poêle à bûches), acceptation d’une température modérée quelques jours/an.

  • Systèmes : le moins possible. Anti techno-solutionnisme ; priorité à la frugalité et à la durabilité.


13) Objections fréquentes… et réponses courtes

  • « L’ossature bois, c’est mauvais en été. »
    → Faux si l’on combine protections solaires + déphasage (fibre de bois) + inertie intérieure (terre crue) + ventilation adaptée.

  • « Le passif, c’est trop cher. »
    +0 à +10 % pour l’approche passive elle-même ; souvent compensé par des économies de systèmes et/ou la réduction des m².

  • « Passif = usine à gaz domotique. »
    → Non. La logique est inverse : moins de techno, VMC DF robuste, systèmes simples, maintenance faible.

  • « Avec un bon béton, plus besoin de réfléchir. »
    → Le PHPP quantifie la performance est la plus pertinente (et souvent moins carbonée).


14) Check-list express pour lancer une maison passive

  • Définir les objectifs (passif « méthode » a minima ; certification selon budget).

  • Choisir l’équipe : architecte + thermicien formés passif ; ou offre intégrée (type Positive Home).

  • PHPP dès l’esquisse pour cadrer orientation, baies, protections, parois, ventilation.

  • Schéma d’étanchéité à l’air tracé et détaillé ; plan des percements ; tests intermédiaires.

  • Matériaux biosourcés : ossature bois, isolants (ouate, fibre de bois, paille, chanvre), inertie en terre crue.

  • Ventilation : VMC DF performante ; filtres accessibles ; éventuel adiabatique.

  • Systèmes : chauffage très léger (plafonds rayonnants/poêle), récupération chaleur eaux grises, PV en option.

  • Sobriété spatiale : modularité, dedans-dehors, m² optimisés.


15) FAQ — Maison passive (pédagogique)

Une maison passive peut-elle se passer totalement de chauffage ?
En pratique, non. Même très isolée, il y a des épisodes froids (jours sans soleil, –5 °C…) où un appoint est nécessaire. La bonne nouvelle : l’appoint est minime.

Triple vitrage obligatoire ?
Pas systématiquement. Mais très fréquent dans une maison passive bien isolée. Le PHPP tranche au cas par cas (coût vs. gain).

VMC double flux = technologie fragile ?
Non si choix robuste, dimensionnement et maintenance simples (changement de filtres). Le gain d’air sain est massif.

Matériaux humbles et durables : vraiment compatibles avec le passif ?
Oui, si l’on distingue étanchéité à l’air et migration de vapeur, avec des calculs (SD, point de rosée) et des détails soignés.

Aides spécifiques au passif ?
Peu en neuf aujourd’hui ; plus en rénovation via les dispositifs classiques. Certaines collectivités favorisent (PLU, bonus de hauteur), cas encore émergents.


Conclusion : la maison passive, une méthode pour faire moins… mais mieux

La maison passive n’est ni un effet de mode ni une surenchère technologique. C’est une méthodologie mesurable qui replace la physique du bâtiment et la frugalité au cœur des décisions. Bien menée, elle coûte peu de plus (voire moins dans certains cas), économise des systèmes lourds, améliore drastiquement la qualité d’air et le confort d’été, et s’accorde naturellement avec les matériaux biosourcés (bois, paille, ouate, terre crue).

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