Low-tech et autonomie durable- avec Alizée et Yoann de Chemins de Faire

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Je reçois Alizée Perrin et Yoann Vandendriessche de l’association Chemins de faire pour parler des low-tech, de rénovation et d’habitat autonome.

Parce que la maison est un abri, un lieu intime, parfois un miroir, mais aussi un lieu d’inspiration et de ressources, aujourd’hui je vous emmène dans la Case d’Alizée et Yoann.

Après des années passées à sillonner l’Europe à la découverte des objets low-tech et des communautés autonomes, ils s’installent en Ariège où ils rénovent une grange en habitation expérimentale. 

Dans leur atelier, ils forment aussi à la construction d’objets low-tech comme une éolienne, un four solaire ou une marmite norvégienne.

Designers de formation, ils favorisent ainsi l’adoption des low-tech en les rendant fonctionnelles, esthétiques et désirables.

Je vous souhaite un excellent épisode en compagnie d’Alizée et Yoann qui partagent avec passion leur quête d’autonomie et de résilience. 

 

Notes de l’épisode

Pour contacter Alizée et Yoann : 

Les ressources mentionnées dans l’épisode :

  • Sunseed Desert Technology 
  • Matavenero
  • Les chlorophyliens
  • Low-Tech magazine

Low-Tech Lab

Low-tech & autonomie – Alizée et Yoann

Face à la complexité des technologies high-tech et à la fragilité de nos systèmes d’approvisionnement (énergie, eau, matières), les low-tech proposent de répondre à nos besoins fondamentaux avec des solutions robustes, réparables, souvent auto-construites et évolutives.

Définir les low-tech

Une définition utile et opérationnelle :

  • Des objets et systèmes qui répondent à des besoins de base (se chauffer, cuisiner, s’éclairer, stocker et filtrer l’eau, se déplacer, produire/transformer des aliments).

  • Des matériaux choisis pour leur durabilité : naturels, de réemploi, ou industriels utilisés à bon escient.

  • L’auto-construction comme clé d’autonomie : réparer, entretenir, adapter au fil du temps (redimensionner pour 2, puis 4 personnes, sans changer d’équipement).

  • Une philosophie plus qu’un “catalogue d’astuces” : ralentir, questionner la consommation, privilégier la frugalité et la résilience, s’outiller pour agir.

Le pilier open-source :

  • Partage de plans, tutoriels, modèles 3D et retours d’expérience via des licences libres (pas forcément “tout gratuit”, mais liberté d’usage, itération et non-commercial selon les cas).

  • Bénéfice collectif : mise en commun pour aller plus loin ensemble ; remerciements appuyés à la communauté low-tech (ex. Low-Tech Lab).


Carnet de route : itinérance, observations et déclic

Le camion-atelier comme école nomade :

  • Un ancien camion de pompiers (Mercedes 508 de 1985) transformé en petit habitat et base d’observation.

  • Trois ans sans la remorque, pour tester la vie en mini-espace, puis ajout d’une remorque-atelier itinérant et ateliers partout en France.

Leçons apprises en itinérance :

  • Certaines low-tech fonctionnent mal si sous-dimensionnées (ex. mini-four solaire, mini chauffe-eau solaire dans un camion).

  • D’autres sont très efficaces : récupération d’eau via les gouttières du camion, préfiltration puis charbon (type Berkey) pour la potabilisation ; graines germées, micro-cultures, etc.

  • Finalement, le laboratoire était dehors : les essais les plus probants se font in situ, chez des collectifs.

Communautés inspirantes :

  • Sunseed Tecnólogia (désert de Tabernas, Espagne) :

    • Grandes paraboles solaires pour cuisson collective,

    • Chauffe-eau solaires bien dimensionnés,

    • Séchoirs solaires,

    • Marmite norvégienne géante pour maintenir les plats au chaud et lisser les services,

    • Pompe bélier (remontée d’eau sans électricité via la pression et la gravité – efficace mais exige débit et chute).

  • Les Chlorophyliens (Tarn) : une ferme-laboratoire portée par des agronomes, croisant maraîchage, céréales, pain, miel, tests sur paillages, eau chaude autonome, micro-bâtis.

Le besoin de sédentariser : engranger, c’est bien ; tester dans la durée, c’est mieux. D’où l’installation en Ariège pour ouvrir un atelier fixe et transformer une grange de montagne en maison-prototype.


Designer la désirabilité

Le rôle du design (au-delà du “bricolage”) :

  • Longtemps associé à la production de masse, le design permet ici d’élever la low-tech : choix des matériaux, cohérence esthétique, ergonomie, qualité d’usage.

  • Objectif : faire accepter ces objets dans nos quotidiens occidentaux, sans perte de confort, en sortant de l’imaginaire “système de crise” réservé à des situations extrêmes.

Exemple concret – la mini-éolienne re-designée :

  • Base technique : moteur pas-à-pas (récup’ d’imprimantes/photocopieurs), faible production mais utile pour lumière et petits appareils.

  • Version d’origine (type Dakar) : pales en PVC, moteurs à nu, bricolage efficace mais peu “désirable”.

  • Version Chemins de fer : entièrement en bois, fabrication à la plane et au rabot, meilleur rendu et acceptabilité (écoles, centres de loisirs, particuliers) à performance égale.

  • Transmission par l’atelier plutôt que vente d’objets ou kits : on apprend les gestes, on comprend, on répare. Résultat : estime de soi et cohésion en hausse, notamment chez les publics éloignés de l’emploi.

Communication & cohérence matière :

  • Photos/vidéos soignées, réemploi de qualité (bois re-raboté, métal brossé) – le beau sert la diffusion.

  • Publication chez Ulmer (collection Résilience) sans renoncer à l’open-source : éditorialiser tout en partageant librement les systèmes de base.


Ariège : une grange qui devient maison autonome

Contexte et parti pris matériaux :

  • Accès à pied uniquement, tout monter à la main.

  • Sur place, existait déjà un stock (laine de verre, lambris, parquet…). Dilemme : réutiliser ce qui est là, ou tout redescendre pour acheter des matériaux plus écologiques (plus vertueux sur le papier, mais peu pertinent ici).

  • Choix assumé : réemploi in situ (laine de verre en toiture, lambris/parquet), enduits chaux intérieurs sur murs de 60 cm non isolés (correction thermique + perspirance).

  • Menuiseries refaites en chêne réemployé (double vitrage posé dans cadres lourds “à l’ancienne”).

  • Dallage : décaissement, hérisson ventilé en cailloux, futur revêtement durable.

Chauffe-air – capteur à ardoises (principe “Mur Trombe”) :

  • Panneau en façade noir/ardoise, chicanes internes, aspiration d’air intérieur bas, réinjection en haut :

    • Gains mesurés en hiver : air extrait à 5 °C, réinjecté 40–50 °C en sortie de capteur (dans une pièce fermée, + quelques degrés constants et mouvement d’air utile).

    • Clapet thermostatique (≈25 °C) pour éviter l’appel d’air froid à l’ombre.

    • Mode été : trappe d’extraction haute (VMC naturelle).

Chauffe-eau solaire :

  • 2 m² de panneaux solaires thermiquesfluide caloporteur (glycol, adapté au gel, températures > 100 °C) → échangeur dans un ballon transformé (≈100 L ciblés pour 4 personnes).

  • Pompe de circulation, vases d’expansion, vanne 3 voies : pilotage simple.

  • En l’absence d’occupation, bascule possible vers un radiateur fonte (ou réseau futur) pour maintenir hors-gel (chauffage de fond continu et passif).

  • Plan B bois : poêle bouilleur “rocket” (combustion efficace, faible conso) avec serpentin inox en série sur le même circuit caloporteur → eau chaude + appoint chauffage même sans soleil.

Électricité : autonomie sobre et consciente

  • Photovoltaïque d’occasion (panneaux issus de parc, encore à 70–80 % de perf) → 2 batteries type camping-car, usage ciblé :

    • Éclairage,

    • Pompes (eau, glycol),

    • Petit appareil (charge, outils légers).

  • Philosophie : adapter la demande à la ressource, pas l’inverse.

  • Pistes futures : petite éolienne Piggott (200–300 W si site venteux) ; lampes à gravité (contrepoids, 45–60 min d’éclairage/descente) pour “voir” l’énergie.

Eau : capter, stocker, filtrer, se baigner (raisonnablement)

  • Citerne maçonnée 3 m³ adossée à la grange (semi-enterrée), alimentée par un pan de toiture (≈60 m² utiles, sur 120 m² total de couverture).

  • Données locales : ≈1200 mm/an en Ariège → potentiel conséquent ; objectif : un mois d’autonomie familiale sans pluie.

  • Filtration à la gouttière, pré-filtres, circuits distincts :

    • Eau de boisson depuis source (en contrebas) apportée à la main,

    • Eau sanitaire sur eau de pluie filtrée.

  • Bain nordique low-tech (confort assumé !) : cuve + filtration solaire (petit panneau dédié) pour brassage permanent, chauffe au bois à la demande ; trop-pleins dirigés vers un bassin planté/agréable.


Ville, campagne : où déployer la low-tech ?

En maison individuelle (même urbaine) :

  • Solaire thermique pour ECS (retours rapides économiques/énergétiques).

  • Capteur à air en façade sud (ardoise, canettes, etc.) pour appoint.

  • Récupération d’eau de pluie (toiture + filtration simple) pour sanitaires et arrosage.

  • Marmite norvégienne, séchoir solaire, bocage alimentaire (déshydratation douce).

En appartement :

  • Bokashi ou compost urbain (si possible), germination, micro-pousses.

  • Parcimonie : limiter déplacements et équipements superflus ; adopter des usages sobres (eau, chaleur).

  • Projets inspirants : micro-unités expérimentales (cf. initiatives type Low-Tech Lab en habitat collectif).

Rappels clés :

  • La low-tech n’est pas l’ascèse : elle négocie des compromis entre confort, effort, coûts et contexte.

  • On dimensionne pour les besoins réels, on observe, on itère.

  • La désirabilité (design, qualité perçue, pédagogie) accélère l’adoption.


Bonnes pratiques & points d’attention (retours d’expérience)

Dimensionnement d’abord :

  • Trop petit = inefficace (four solaire, chauffe-eau miniature).

  • Trop grand = inertie et coûts inutilement élevés.

  • Règle d’or : partir de vos usages (douches, vaisselle, saisonnalité), puis calculer.

Matériaux & réemploi :

  • Réemployer ce qui est déjà sur site peut être plus écologique que racheter “le parfait” (fret, déchet, manutention).

  • Faire du réemploi de qualité : re-raboter, brosser, dépolluer (clous, vernis), assembler proprement.

Maintenance & réparabilité :

  • Préférer des systèmes lisibles (capteur air, solaire thermique à échangeur, poêle bouilleur simple).

  • Accessibilité des organes (pompes, vannes, filtres, clapets).

  • Documentation open-source et journal de bord (schémas, photos, paramétrage) pour soi… et pour la communauté.

Confort & santé :

  • Enduits chaux sur pierre → inertie, régulation hygrométrique, perspirance.

  • Ventilation : penser extraction naturelle d’été, éviter les ponts d’air froid l’hiver (clapets thermostatiques).

Pédagogie & collectif :

  • Préférer apprendre à fabriquer (ateliers) que consommer un kit “plug-and-play”.

  • Partager ses plans et retours : la low-tech grandit par essaimage.


Ce que la low-tech change

Dans la tête :

  • On cesse de “brancher pour oublier”, on regarde l’énergie (soleil, bois, gravité) et on accorde son rythme.

  • La réparation redevient un geste ordinaire, source d’estime de soi.

  • L’autonomie n’est pas “tout seul contre tous” : elle est capacité d’agir, solidarité et partage.

Dans la maison :

  • Moins d’équipements, mieux dimensionnés, plus sobres, bimode (soleil + bois, pluie + source).

  • Une qualité d’ambiance (air, lumière, matières) qui change la perception du confort.

  • Un coût global maîtrisé : moins d’abonnements, d’entretien lourd, d’obsolescence.

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