Quand on me demande à quoi ressemble une maison écologique, j’hésite à parler d’earthship, de maison serre ou de mur trombe.
Puis je le fais quand même !
Car quand je révèle que l’effet de serre est bon pour la planète je sais que l’attention de la personne va monter d’un cran ! Et si j’ajoute que dans un earthship les parpaings sont remplacés par des pneus , alors c’est gagné. Je sais que je vais pouvoir discuter un peu plus longuement des avantages de l’écoconstruction 😉.
Faîtes l’essai lors du prochain déjeuner de famille où vous parlerez de votre projet, c’est très efficace 😁 !
L’effet de serre c’est bon pour la planète
Les adeptes des maisons écologiques le savent bien. L’effet de serre est bon pour l’environnement !
D’ailleurs, il n’y a pas un jour sans qu’on parle d’effet de serre dans les médias.
Alors, tous écolo ?
Non. Car c’est plutôt pour parler de réchauffement climatique.
Du coup, on nous présente l’effet de serre comme le mal, la cause de tous nos problèmes.
Pourtant on oublie :
- que l’effet de serre a toujours existé
- qu’il s’agit simplement d’un phénomène physique
- que s’il n’existait pas, on ne pourrait pas survivre sur Terre
Combattre l’effet de serre reviendrait donc à vouloir changer les lois de la physique. Pas gagné.
Ce qu’il faut combattre, ce sont bien entendu les émissions de gaz qui, lorsqu’ils s’accumulent dans l’atmosphère, piègent le rayonnement infra-rouge du soleil (sous l’action de l’effet de serre), et réchauffent ainsi l’air à la surface de la Terre.
« Tu vois Jamy, c’est pas sorcier ! »
La première solution pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, c’est de réduire nos dépenses d’énergie fossile. Par exemple en trouvant des sources de chauffage passives.
Ça tombe bien, c’est exactement ce que fait l’effet de serre. A nous de l’utiliser comme il se doit !
La maison serre
Vis ma vie de tomate
On connaît tous le principe de la serre pour cultiver des légumes. Le soleil rayonne sur le vitrage, les infra-rouges pénètrent dans la serre mais une partie ne peut en ressortir (du fait des propriétés du verre), ce qui chauffe l’air à l’intérieur de la serre. Simple. Passif. Efficace.
La serre tropicale du Jardin des Plantes à Paris
C’est grâce à cela que l’on produit des fraises et des tomates en Bretagne depuis des décennies.
« Dans une serre on gagne facilement 5 à 10°C par rapport à la température extérieure »
Pourquoi ne pas utiliser ce principe pour « chauffer » une maison ? Il suffirait juste de le dupliquer à une plus grande échelle !
Maison serre – Fouquet Architecte (P. Ruault©, F.au©)
Oui, ça existe, et ça fonctionne très bien, à condition de respecter certaines règles :
- bien sûr, les vitrages doivent être exposés au soleil, donc sur la façade Sud
- prévoir des ouvertures en parties haute et basse de la façade vitrée pour la ventilation (et éviter les surchauffes en été)
- prévoir également des portes donnant dans la maison (la serre solaire doit pouvoir être isolée du reste de la maison pour éviter les déperditions thermiques non souhaitées (quand il fait très froid ou très chaud)
- ajouter un mur à forte inertie (briques, enduits) pour stocker la chaleur accumulée et la restituer pendant la nuit
- mettre en place des protections solaires sur la façade solarisée (stores, avancée de toit) pour contrôler le rayonnement solaire incident (sinon c’est le sauna garanti 🥵 en été !)
Voilà !
Il n’y a plus qu’à suivre la température obtenue dans la serre et à contrôler l’ouverture et la fermeture des portes et fenêtres selon nos besoins (et la météo 😉).
Des vitrages particuliers
Pour que la maison serre fonctionne bien, il faut être attentif au choix des vitrages.
Ceux-ci doivent être en double vitrage à isolation renforcée (« VIR »). On les appelle aussi les vitrages « basse émissivité » (ou « Low-E »).
Il s’agit d’un vitrage sur lequel on applique une couche d’oxyde métallique sur la face intérieure (celle qui donne dans la pièce). Cela lui confère les propriétés suivantes :
- la chaleur du soleil direct peut traverser le vitrage et pénétrer dans la pièce
- mais la chaleur émise par les surfaces (sous forme de rayonnement par les murs, les radiateurs, les sols, etc…) ne peut la traverser. Ainsi, après avoir traverser le vitrage la chaleur est donc « bloquée » dans la pièce en hiver ce qui permet des économies de chauffage.
Comment faire en été pour éviter cet effet de serre me direz-vous (et donc les surchauffes) ?
En été, le soleil étant plus haut dans le ciel, il ne rayonne pas directement sur le vitrage car ce dernier est protégé par l’avancée de toit (si la conception architecturale a été bien faîte 🙃 !). Du coup, la chaleur ne pénètre pas à l’intérieur ce qui évite les risques de surchauffes.
En été, le soleil ne « tape » pas directement sur les fenêtres
Le mur capteur
Il n’y a pas que les fenêtres qui peuvent récupérer l’énergie du soleil. Inventé dans les années 60, le mur capteur (ou mur « Trombe » du nom de son inventeur) permet d’utiliser les murs d’une maison comme source de chaleur, toujours grâce à l’action de l’effet de serre.
Le mur se compose :
- d’une partie massive (mur en terre crue ou mortier de chaux et enduit) exposé au Sud
- d’un double ou triple vitrage posé devant la partie massive, côté extérieur
- d’une lame d’air entre le mur et le vitrage
- d’orifices de communication en partie haute et basse de la lame d’air pour générer une ventilation avec l’intérieur de la pièce
Une autre façon simple et efficace d’utiliser l’énergie gratuite envoyée chaque jour par le Soleil 🤗 !
Mur capteur – Romuald Marlin Architecte
Mur trombe en bois – Charpente Concept
Enfin, si vous voulez aller encore plus loin dans l’architecture bioclimatique il y a l’earthship !
Earthship : la maison du XXIème siècle ?
De la chaleur (et des bananes) !
L’earthship est un concept à part entière. Sorte de maison bioclimatique autonome et de « vaisseau terrestre recyclé », elle interpelle tout de suite.
La pièce maîtresse d’un earthship est là aussi la serre solaire. Elle fonctionne sur le même principe que celui décrit précédemment. Mais avec quelques détails en plus.
Earthship – D. Alves
Earthship – Biras
L’idée de l’earthship est d’être autonome. Donc en plus de l’apport de chaleur « gratuite », la serre produit également de la nourriture. Un espace est dédié à cela au pied de la serre. L’exemple le plus fameux est le régime de bananes que l’on trouve très souvent dans un earthship (y compris en France). L’eau utilisée dans la serre est celle issue de la maison (cuisine, douche, lavabo), qui elle-même provient de la cuve de récupération d’eau de pluie. On fera donc attention à ne pas utiliser de produits chimiques pour la cuisine ni le bain (mais plutôt des savons naturels) ! En amont se trouve un filtre et un surpresseur pour la purification de l’eau de pluie et sa distribution dans la maison.
La serre du Earthship (avec le bananier 😁) – Earthship Biras
Des pneus et des canettes pour les murs
Mais le plus étonnant dans un earthship est peut-être la composition des murs.
Le mur au Nord est fabriqué à partir de pneus usagés et de ciment. Le but est de construire pour pas cher et avec des matériaux locaux.
Les cloisons intérieures sont, quant à elles, faîtes de canettes et d’enduit chaux-chanvre. Là aussi c’est facile de trouver la matière première, et ça ne coûte (presque) rien !
Les canettes ont un autre avantage, car elles offrent une bonne isolation thermique et acoustique (grâce à l’air statique à l’intérieur).
Vivre avec son climat
L’earthship est un concept intéressant, visant l’autonomie et le recyclage des ressources. En soi, c’est une maison qui fait sens pour traverser le XXIème siècle.
Donc si l’aventure Earthship vous tente, sachez qu’il existe une formation spécifique auprès de l’inventeur du concept (voir la rubrique Ressources) !
Il est évident qu’elle ne peut pas convenir à tout le monde. Ce type de projet demande une préparation spécifique et la main d’œuvre qualifiée est encore assez rare en France (sauf si vous vous formez auprès de Michael Reynolds ! (ce que tous les constructeurs de earthship font d’ailleurs 😃)). Et elle est contrainte par nature à des environnements privilégiés (exposition Sud, largeur suffisante pour avoir une serre efficace, terrain libre). Mais quand c’est possible, cela vaut vraiment le coup !
Quel que soit son projet et comme on a pu le voir dans les exemples, il est néanmoins possible d’utiliser l’énergie du soleil pour se chauffer gratuitement. Utilisons cette ressource inépuisable !
La Terre reçoit chaque heure grâce au rayonnement du Soleil l’équivalent de la consommation annuelle mondiale ! 🤨
A condition de le prévoir bien en amont dans la conception de la maison 😉.
Pour aller plus loin
Voici quelques articles sur le même thème sur le blog :
- Bioclimatisme : comment s’en inspirer aujourd’hui ?
- Habitat minimaliste : au plus proche de soi et de la nature
Partagez dans les commentaires vos expériences et vos interrogations sur ce sujet !
Ressources
Retrouvez ici les liens utiles pour approfondir le sujet :
- Earthship academy : le site (en anglais) de Michael Reynolds, architecte américain à l’origine du concept (vous pouvez même aller vous former auprès de lui !).
- Comment construire soi-même sa maison bioclimatique, Lajugie – Olivier, Eyrolles : manuel d’autoconstruction.
- Ils ont construit leur maison, Barbeillon-Bertucci-Cammarata, La Maison Ecologique-La Martinière : portraits de constructeurs écolos avec des études de cas bien détaillées.
- La conception bioclimatique: des maison économes et confortables en neuf et en réhabilitation. Samuel Courgey et Jean-Pierre Oliva, Terre Vivante : un classique, qui aborde les aspects techniques de l’écoconstruction.
top !! les earthships sont tellement beaux en plus ! my dream house for sure <3
Merci Olympe 🤗 ! Dans mon top 3 également !