Lorsqu’il fait anormalement chaud de jour comme de nuit pendant au moins 3 jours consécutifs, nous sommes dans un épisode dit de « canicule ». Peut-on anticiper ces épisodes de fortes chaleurs ? Quels gestes adopter ? Découvrez les secrets des bédouins du désert pour supporter cela au quotidien !
Peut-on prévoir ces épisodes de canicule?
En France, ces phénomènes surviennent lorsque le pays reçoit les vents chauds du Sud, et notamment le scirocco du Sahara. Cela se produit lorsque l’anticyclone des Açores (qui conditionne le climat observé en France) se déplace vers l’Est, depuis l’Atlantique vers l’Afrique du Nord. Ainsi, en observant son déplacement, les prévisionnistes météo peuvent anticiper un prochain épisode éventuel de canicule.
Sont-ils de plus en plus fréquents?
Le thermomètre a été inventé au 17ème siècle. Donc nous ne connaissons précisément les températures en France que depuis quelques centaines d’années. Et l’on constate que depuis 1900 (date à partir de laquelle l’enregistrement précis du climat se répand), les 10 étés les plus frais ont eu lieu avant 1980. A l’inverse, 7 des 10 étés les plus chauds se sont produits à partir de 1990. Aussi, les études portant sur le réchauffement climatique montrent que les vagues de chaleur devraient être plus fréquentes, plus longues et plus intenses d’ici à la fin du siècle.
Quelques conseils simples à adopter chez soi
Donc en attendant que nos actions influent favorablement sur la limitation du réchauffement climatique (!), voici plusieurs méthodes efficaces pour lutter contre les grosses chaleurs en été. Je vais rappeler ici celles qui fonctionnent le mieux. Bien souvent elles peuvent être cumulées pour une meilleure efficacité.
1 – Ne faîtes pas entrer la chaleur !
Cela semble logique mais on l’oublie parfois ou plutôt on sous-estime son importance en pensant que le fait “d’aérer” va faire baisser le mercure (ce n’est pas totalement faux cela dit, cf. la suite de cet article). Mais en été, il fait généralement plus chaud à l’extérieur qu’à l’intérieur (ou alors cela veut dire que vous n’avez pas encore appliqué les principes décrits dans cet article !), et cela quel que soit le type de logement que vous habitez.
Donc la 1ère règle à respecter est de ne pas ouvrir les fenêtres en journée (disons de 9h à 21h). Pensez à utiliser un thermomètre vous donnant les températures intérieures / extérieures pour vous aider si besoin.
2 – Protégez les fenêtres du soleil direct
Attention à l’effet de serre
Le soleil réchauffe notre environnement via les rayons infra-rouges qu’il émet. Ces rayons ont la capacité de traverser les surfaces vitrées (mais pas les murs). Ainsi, lorsque les fenêtres sont exposées au soleil, les rayons pénètrent à l’intérieur du logement et réchauffe la pièce. C’est très utile en hiver, mais en été ce n’est pas vraiment le but recherché ! De plus, le verre a la propriété de réfléchir en partie les infra-rouges du soleil. Cela veut donc dire que lorsqu’un rayon pénètre dans la pièce, une partie de l’énergie qu’il transporte ne peut pas “ressortir” par le vitrage. Elle se retrouve alors emprisonnée dans le logement. Cela augmente la température de la pièce qui s’échauffe peu à peu. C’est le principe de l’effet de serre.
Cherchez donc à protéger vos fenêtres pour qu’elles soient à l’ombre le plus longtemps possible dans la journée. A noter l’angle solaire joue un rôle important dans l’intensité du rayonnement transmis. Plus le rayon du soleil est perpendiculaire au plan du vitrage, plus il le traverse et pénètre à l’intérieur du bâtiment. Ainsi les fenêtres de toit sont les plus sensibles car elles sont les plus exposées au rayonnement direct du soleil. En effet, en été, à son maximum (21 juin à 12h) celui-ci est à 63° dans le ciel (angle par rapport au sol). Il irradie donc plus facilement les surfaces proches de l’horizontale (par exemple les fenêtres de toit, les verrières), que les surfaces verticales (façades). En fin de journée, à l’ouest, le soleil est “rasant” (proche de l’horizon), les façades verticales sont alors les plus exposées. D’où l’importance de les protéger car le bâtiment aura accumulé de la chaleur tout au long de la journée.
Les dispositifs d’occultation
Plusieurs solutions existent:
- Le matin, baissez les volets, les stores, ou tout dispositif d’occultation (brise-soleil, persienne, store-banne, casquette, parasol…). Ceux-ci doivent être placés à l’extérieur pour une meilleure efficacité. Un store extérieur devant un double-vitrage réduit jusqu’à 90% du rayonnement solaire (cas d’un store avec une toile “solaire” type Ferrari, Mermet, Dickson…). Pour un store placé à l’intérieur, la réduction n’est que de 60% car une partie de la chaleur reste emprisonnée à l’intérieur par le vitrage.
- Plantez des arbres () pour que votre façade soit à l’ombre en été. Choisissez des arbres à feuilles caduques (qui perdent leurs feuilles à l’automne). En hiver vous bénéficierez à l’inverse d’un maximum d’apports solaires (lumière, chaleur).
3 – Ventilez la nuit
La température extérieure varie de plusieurs degrés entre le jour et la nuit (souvent jusqu’à 10°C). Profitez donc de la baisse de la température extérieure pour ouvrir les fenêtres la nuit et rafraîchir votre logement.
Si vous pouvez, laissez ouvert toute la nuit, cela permet à vos murs, sols et plafonds de se charger en “frigories” (c’est-à-dire d’accumuler du froid), frigories qui seront ensuite restituées à la pièce au cours de la journée. Cela fonctionne d’autant plus si vos murs, sols et plafonds (plus rare) sont en matériaux dits “lourds” à forte inertie (pierre, béton, carrelage, terre cuite notamment) et qu’aucun matériau isolant ni plaque de plâtre ne les recouvre. Pour cela il faut donc privilégier l’isolation par l’extérieur pour vos façades. Vous supprimerez en plus les ponts thermiques et ferez donc des économies de chauffage.
4 – Ventilez le jour !!
Attention, il s’agit ici de créer un mouvement d’air à l’intérieur de la pièce sans ouvrir les fenêtres. En effet, grâce à l’évapotranspiration qui se créée en continue à la surface de notre peau, nous ressentons une température plus basse lorsqu’il y a un mouvement d’air autour de nous. C’est par exemple notable en hiver lorsqu’il y a du vent, on trouve qu’il fait plus froid que d’habitude. Ainsi, un courant d’air ayant une vitesse de 1m/s abaisse la température ressentie de 2 à 3°C. Privilégiez les brasseurs d’air peu consommateurs d’énergie.
Astuce: si vous utilisez un ventilateur mécanique, placez une serviette humide devant le flux d’air. Cela rafraîchira la pièce (phénomène de rafraîchissement adiabatique: en s’évaporant l’eau absorbe de la chaleur ce qui diminue la température de la pièce). Vous pouvez gagner encore 2 à 3°C.
5 – Faites transpirer la nature !
Plantez des arbres ! Les arbres génèrent une ombre appréciable en été pour se protéger du soleil. Mais surtout, les arbres transpirent (leurs feuilles principalement) ! C’est ce mécanisme qui permet notamment à la sève de circuler. La vapeur d’eau ainsi dégagée est très bénéfique car elle diminue la température ressentie dans l’air ambiant. C’est ce que l’on constate en forêt par exemple où la température est de plusieurs degrés inférieure à celle mesurée dans la ville voisine (avec pourtant le même “climat” autour). L’absence de végétation en ville créé le phénomène “d’îlot de chaleur” (accentué par les surfaces minérales et sombres des voiries).
6 – Inspirez-vous des bédouins
Les bédouins ont l’habitude de gérer les grosses chaleurs. Ils ont développé des attitudes simples mais très efficaces pour y parvenir. Tout d’abord ils portent le thoab (ou dishdasha, sorte de djellaba), chemise longue qui descend jusqu’au pied et qui se resserre au niveau du cou. Ce vêtement utilise le principe de l’effet thermo siphon en générant un courant d’air depuis le bas vers le haut. En effet, l’air entre par le bas élargi du vêtement, se réchauffe au contact de la peau, et remonte naturellement car l’air chaud est plus léger que l’air froid. Ce phénomène créé un courant d’air sous le vêtement qui favorise l’évapotranspiration à la surface du corps et donc la régulation thermique de celui-ci. Le deuxième principe qu’ils utilisent est qu’ils s’hydratent avec des boissons chaudes (du thé très souvent car cela fait transpirer). Boire chaud évite aussi d’envoyer un signal erroné au corps. Ainsi, à l’inverse, lorsque l’on boit très frais, le corps comprend que la température baisse et réduit mécaniquement la transpiration à la surface de la peau. Or c’est ce phénomène qui permet principalement d’évacuer la chaleur du corps.
Si vous avez des questions posez-les moi dans les commentaires, je vous répondrai avec grand plaisir et partagez cet article à un proche si vous pensez qu’il pourrait en bénéficier !
Bonjour, existe t’il des solutions de climatisation plus écologique que d’autres pour les régions chaudes où il est difficile de s’en passer, comme le sud de la France ? Merci.
Merci Alix pour votre question. Dans les climats chauds la climatisation peut être nécessaire effectivement. Il n’y a pas de problème avec ça sur le fond (on ne reprocherait pas aux canadiens de vouloir se chauffer l’hiver par exemple…). Cela dit, avant d’arriver à des solutions de climatisation « active » il y a plusieurs actions à mener en amont. D’abord par le bioclimatisme lorsque l’on fait construire ou que l’on rénove. Ensuite par l’isolation et le choix de matériaux adaptés à l’intérieur (terre crue, forte inertie). Puis par des gestes simples mais très efficaces : se protéger du soleil direct par des occultations extérieurs, privilégier la végétalisation pour limiter les îlots de chaleur, recourir à un puit provençal, ventiler largement la nuit pour rafraîchir l’espace…
Si malgré tout la climatisation reste nécessaire (de façon épisodique alors), il est possible de limiter son impact en utilisant de l’électricité renouvelable pour alimenter la climatisation (soit en produisant in situ par des panneaux soit en souscrivant à un contrat d’énergie « verte » (voir l’article à ce sujet : https://www.lacaserobinson.fr/fournisseurs-delectricite/)). Bonne continuation !