Choisir un bardage bois pour sa maison est une opération délicate. Il y a d’abord l’aspect esthétique bien sûr. Quelle couleur veut-on pour habiller notre façade ? Le bois va-t-il griser avec le temps ? Dans quel sens vaut-il mieux poser le bardage (à l’horizontale ou à la verticale) ?
Il faut également tenir compte de la nature du bois et donc de son essence. Comment ce bois s’entretient-il ? Quelle est la résistance de ce parement et sa pérennité ? D’où vient-il ? Le bois est-il issu de forêts gérées durablement ?
Enfin il faut choisir un mode de pose (clins, claire-voie, couvre joint…) et définir un budget. Car entre l’épicea d’Europe du Nord et le pin radiata de Nouvelle-Zélande il peut y avoir un facteur 10 sur le prix. Voyons donc ces différences pour vous aider à choisir le bardage bois qui convienne le mieux à votre projet.
Les différents types de bardage bois
Bardage bois à clin
Le bardage bois à clin est un mode de pose utilisé depuis de nombreuses années. Il consiste à poser horizontalement l’une sur l’autre des planches de bois successivement. On part du bas de la façade et on vient recouvrir les planches les unes sur les autres d’environ 3 cm. Ce mode de pose s’appelle aussi « bardage à recouvrement« . Une pose des lames à la verticale est aussi possible.
Le bois mis en oeuvre peut être parfaitement droit ou au contraire « non-déligné » pour donner à la façade un aspect plus rustique et plus brut.
Bardage bois à clins
Bardage bois à claire-voie
Le bardage à claire-voie connaît un grand succès ces dernières années. Il est particulièrement apprécié pour son rendu esthétique à la fois contemporain et léger.
Dans ce mode de pose, les lames sont plus fines que pour le bardage à clin et elles sont espacées d’un vide plus ou moins large (souvent autour de 20 mm). Un pare-pluie doit donc être posé derrière le bois pour protéger la façade.
Bardage à claire-voie
Il existe aussi une variante appelée « faux claire-voie » pour laquelle les lames imitent le motif du claire-voie. Elles se fixent à la manière d’un bardage à clins.
Bardage bois « faux claire-voie »
Bardage bois couvre joint
On l’appelle aussi le bardage type « Cap-Ferret » ou « ostréicole » car il est traditionnellement utilisé pour habiller les cabanes ostréicoles du Bassin d’Arcachon. On le trouve aussi sur les anciens séchoirs à tabac dans le Sud-Ouest.
Le principe consiste à fixer des lames les unes à côté des autres et d’ajouter un tasseau plus fin à chaque jonction afin de couvrir (et masquer) le joint entre chaque lame.
C’est un bardage plutôt économique au rendu sympa. Il est désormais souvent utilisé dans les bâtiments d’habitation.
Bardage couvre joint ou « Cap-Ferret »
Bardage Cap-Ferret
Pose horizontale ou verticale ?
Chaque type de bardage bois peut être posé soit à la verticale soit à l’horizontale. On voit aussi parfois des poses obliques (sur les pignons notamment).
Pose d’un bardage à faux claire-voie
Même s’il y a quelques différences techniques, le choix du sens de pose est avant tout esthétique. Le bardage participe en effet à l’aspect visuel de la maison et joue sur la perception des volumes et des dimensions. Ainsi, sur une maison de plain-pied on privilégie généralement une pose à la verticale pour ne pas accentuer la longueur de la façade. À l’inverse, sur une maison de plusieurs étages on pourra préférer une pose à l’horizontale, avec éventuellement une variante pour les pignons.
À noter cependant que la pose à la verticale offre de meilleure garantie quant à la pérennité du bardage car l’eau s’écoule plus facilement. Il y a ainsi moins de risques que de l’eau stagne et favorise le développement de champignons (amateurs de bois).
Bardage bois en pose verticale et horizontale
Quelle essence de bois pour le bardage de ma maison ?
Les essences de bois locales
Mélèze
Le mélèze est très prisé en France car il est produit localement et reste assez accessible (35 € / m²). Il est naturellement assez résistant à l’humidité (classe 3, voir tableau ci-après). Il possède une couleur brun clair avec quelques teintes de rose. À noter qu’il peut être sujet à des déformations (fissures) lorsqu’il est exposé à un climat très sec. Si vous êtes dans le Sud-Est de la France il faudra probablement vous tourner vers une autre essence de bois (Douglas par exemple).
Bardage bois en mélèze
Douglas
Cet autre résineux est naturellement résistant (classe 3 également) à condition de le choisir hors aubier (l’aubier est la partie située à la périphérie du bois et non au cœur (que l’on appelle « duramen »)). Le Douglas est produit en France. Son prix est de l’ordre de 20 € / m².
Bois de pin douglas
Châtaignier
Le châtaignier est parfois utilisé « non-déligné » pour une pose horizontale à recouvrement. Sa teinte brun clair plaît pour son aspect naturel et authentique. Il coûte autour de 50 € / m².
Chêne
Plus rare pour une utilisation en bardage, le chêne est apprécié pour son esthétique et sa robustesse. Mais il est cher (90 € / m²).
Robinier
Le robinier (ou faux-acacia) est un des bois français naturellement le plus résistant car il est classé classe 4. Il est de couleur brun-jaune. Lui aussi est cher (90 € / m²).
Les essences de bois importées
Épicea
C’est l’essence de bois la moins chère mais son bilan écologique n’est pas terrible. Même si l’épicea est cultivé en Europe (du Nord), il est issu d’une sylviculture intensive ce qui n’est pas souhaitable pour l’équilibre de la biodiversité. De plus, et c’est probablement le point le plus négatif, il n’est pas naturellement résistant aux intempéries. Il faut donc le traiter chimiquement par autoclave, c’est-à-dire que les produits sont injectés sous une forte pression pour pénétrer à l’intérieur du bois. Cela lui donne la propriété d’être utilisé en extérieur (classe 3). On le trouve à environ 10 € / m² (TTC).
Red Cedar
Le « Cèdre Rouge » est apprécié pour sa couleur brun-rouge et ses propriétés naturelles. Il est particulièrement adapté pour l’utilisation en bardage car il est léger, naturellement résistant à l’humidité (classe 3) et il supporte bien les variations climatiques. L’inconvénient est qu’il provient de forêts situées en Amérique du Nord et doit donc être importé. Il est aussi assez cher (70 € / m²).
Bardage de Cèdre Rouge « Red Cedar »
Liège
Le liège cultivé pour le bâtiment vient du Portugal. J’aime beaucoup le liège comme revêtement de sol (notamment pour la rénovation de salle de bain) ou comme isolant pour des pièces humides (cave). C’est un matériau naturellement imputrescible offrant également une bonne isolation thermique et un confort d’usage certain. Il est utilisé également en bardage pour des bâtiments contemporains, mais cela reste assez rare tout de même. Il semble notamment qu’il puisse y avoir des difficultés au niveau de l’étanchéité de la façade à la jonction entre les panneaux (qui sont collés les uns à côté des autres). Le prix est d’environ 60 € / m².
Padouk : un bois exotique
Le padouk est un bois rouge cultivé en Afrique de l’Ouest. C’est un bois « exotique » très résistant (classe 4) qui peut aussi servir pour des lames de terrasses. On l’utilise en bardage pour ses qualités physiques et esthétiques. Mais comme pour le Red Cedar, il est importé donc son bilan carbone n’est pas bon. Il coûte cher (100 € / m²).
Pin radiata
Ce bois originaire de Nouvelle-Zélande subi un traitement « moléculaire » (sans produits chimiques) qui lui confère une meilleure dureté et une meilleure densité. Il est prisé des architectes pour ses qualités et sa teinte gris claire qui se stabilise uniformément. Son bilan carbone est mauvais du fait de son pays d’origine et du process de transformation. Il est classe 4 et coûte environ 100 € / m². Mais il est garanti 30 ans.
Les classes d’emploi du bois
L’utilisation du bois dans la construction est soumise à des règles et des normes permettant de garantir la pérennité de l’ouvrage. Parmi celles-ci il y a la norme NF EN 335 qui définit la classe d’emploi selon les risques d’exposition du bois à l’humidité.
Il existe ainsi 5 classes :
Classe d’emploi | Exposition du bois | Exemples d’utilisation |
1 | A l’abri des intempéries, avec une humidité < 20%. | Parquet, mobilier intérieur |
2 | A l’abri des intempéries, avec une humidité occasionnellement > à 20%. | Charpente, ossature |
3 | Soumis à des humidifications fréquentes mais courtes, avec séchage avant une nouvelle humidification. | Menuiseries bois, bardages |
4 | Soumis à une humidité > 20% fréquemment, en contact avec le sol ou de l’eau douce. | Terrasses, poteaux, bancs |
5 | En contact permanent avec l’eau de mer. | Piliers, pontons |
Faut-il prévoir un entretien pour son bardage bois ?
Quand on utilise du bois à l’extérieur de sa maison on se pose légitimement la question de son entretien.
Pour y répondre il faut distinguer 2 critères : la pérennité et l’esthétisme.
Entretenir son bardage bois pour une plus grande longévité
Les essences de bois utilisées pour les bardages sont de classe 3 minimum. Elles sont donc adaptées pour un usage à l’extérieur. Théoriquement ces bois ne nécessitent donc pas d’entretien particulier.
Dans les faits, pour prolonger la durée de vie du bardage, il est conseillé de le laver à basse pression de temps en temps (par exemple tous les 2 ans). Ceci afin d’enlever les moisissures et les saletés qui s’y seront déposées.
Les bardages vendus dans le commerce sont généralement garantis 10 ans (30 ans pour le pin radiata modifié « moléculairement »).
À noter également que lors de la mise en oeuvre il faut placer des grilles anti-rongeurs à la base et au sommet des façades.
Traiter son bardage bois pour préserver sa couleur d’origine
Si aucun entretien n’est indispensable pour garantir la pérennité du bois, il en est autrement si l’on veut conserver la couleur d’origine du bois.
Dans ce cas, afin de lutter contre le grisaillement naturel du bois qui se produit sous l’effet des UV, il est nécessaire d’appliquer chaque année un saturateur sur le bardage. Ce produit permet de créer une couche à la surface du bois afin de réduire le phénomène de grisaillement. Il existe des saturateurs « écologiques » à base d’un mélange d’huiles végétales (lin, tung, ricin).
Grisaillement naturel du bois
Face au coût (comptez 3 € / m² à chaque passage hors main d’oeuvre) et à la contrainte que représente ce traitement, mieux vaut selon moi se faire à l’idée du grisaillement lorsqu’on fait le choix d’un bardage pour sa maison.
Panneaux de façade en contreplaqué de pin maritime (traité classe 4)
Le bois-brûlé ou « Yakisugi » : une bonne idée ?
Un autre type de bardage connaît un succès grandissant en France.
Il s’agit de la technique du bois brûlé. Celle-ci vient du Japon où de nombreuses maisons reçoivent un bardage de ce type. Le nom japonais est « Yakisugi » (qui signifie cèdre brûlé) ou encore « Shou sugi ban« .
Le bardage a alors une couleur noire avec des reflets argentés, dont les teintes varient au fil des saisons et de la lumière incidente. Cet aspect aurait d’ailleurs un intérêt pour limiter les surchauffes en été (contrairement à ce que l’on pourrait croire avec la couleur noire). Car sa surface craquelée est peu réfléchissante ce qui limite la réflexion du rayonnement solaire vers le sol autour de la maison et atténue ainsi son réchauffement.
Quoiqu’il en soit le plus grand intérêt de la méthode du bois brûlé réside dans la pérennité du matériau ainsi obtenu. Le bois devient alors plus résistant aux agressions extérieures (insectes, champignons, feu). On peut appliquer la méthode du Yakisugi sur n’importe quel type de bois, mais on utilise souvent le douglas. Le prix est variable, autour de 60 € / m².
Maison en bois brûlé Yakisugi ou « Shou sugi ban »
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Très intéressant cet article ! Je me suis toujours demandé si l’emploi du liège est réellement écologique. Quand on se ballade dans les forêts landaises et qu’on voit ces arbres dont on a enlevé l’écorce, je me dis que c’est pas très respectueux de l’environnement tout ça, qu’en pense-tu ?
Bonjour Marie, merci pour ton commentaire. Le liège est un des rares matériaux à base de bois qui ne nécessite pas de couper (et donc de tuer) l’arbre en question. En cela je trouve que c’est un produit intéressant et plutôt respectueux de la nature. L’écorce repousse progressivement après qu’on l’ai enlevée. De plus le chêne liège semble se plaire dans des endroits où le sol est assez pauvre (sablonneux, landes). Il n’est donc pas vraiment en concurrence avec une autre culture.
Bonjour François-Xavier,
Merci pour cet article ! Il y a une technique dont on n’entend pas trop encore parler.
C’est un dérivé du Yakisugi : la rétification.
On peut l’utiliser avec des essences locales telles que le peuplier qui ne sont pas utiliser habituellement pour le bardage.
As-tu un retour dessus ?
Salut Geoffrey, la rétification est intéressante effectivement pour certaines essences. Par contre le procédé est assez consommateur d’énergie car on doit chauffer le bois à haute température pour le rendre plus résistant. Donc si localement il y a des essences de bois qui ne nécessitent pas ce type de traitement thermique (comme le mélèze ou le douglas par exemple), alors il me semble que c’est préférable de l’éviter.
Bonjour François-Xavier, je découvre votre univers et je suis impressionnée par la technicité de vos conseils 🙂 Merci pour cet article très complet, vous nous offrez un véritable guide. Au plaisir d’une prochaine lecture. Bonne continuation, Sarah
Merci Sarah 🤗
Merci pour l’article, vous m’aidez pour mon projet !
Bonne journée